Responsabilités n Les prouesses réalisées par l'Algérie pour combler le fossé numérique, font parler tout le monde, mais très peu de gens daignent nous parler de sécurité informatique. Sujet rébarbatif pour certains, trop technique pour d'autres, la sécurité informatique n'a pas encore acquis l'intérêt qui lui est dû. Et pourtant ce sujet est pris très au sérieux, sous d'autres cieux. En Tunisie et au Maroc, pour rester sur le continent africain, des cellules de veille ont été créées pour se prémunir contre toute éventualité. Ainsi, les opérateurs économiques de ces deux pays sont constamment avertis en temps réel par ces structures qui leur dressent la liste des virus les plus virulents, leur apparition et, bien sûr, l'antidote qu'ils peuvent télécharger sur un site destiné à cet effet. En Algérie, cette cellule de veille n'existe pas encore au grand dam des professionnels du secteur. Une erreur impardonnable selon Ali Kahlane, P-DG de Satlinker, société dont le principal objectif est la fourniture des produits et services Internet ainsi que des solutions. «Les Algériens, conscients de l'importance du sujet, doivent se débrouiller pour être au courant des dernières menaces informatiques. Ils s'abonnent à des sites étrangers ou se font informer par des partenaires en Europe», dira t-il. Un système D qui ne permet pas de se protéger à 100%, selon M Kahlane «puisque ces antidotes et autres mesures de prévention sont conçus et adaptés aux profils des sociétés de chaque pays, quand nous profitons de leurs antivirus, le sentiment d'être tranquille n'est pas complet», dira t-il. Ce responsable, soucieux de protéger ses investissements et ceux de ses clients, attend donc le sursaut de la tutelle pour assumer ses responsabilités dans ce domaine. Dans un effort timide, mais qui mérite d'être salué, le Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (Cerist), a lancé une rubrique au sein de son site Internet, appelée (Wikayanet). Il s'agit d'informer et d'alerter les opérateurs économiques algériens des menaces qui pourraient surgir à tout moment. Une rubrique animée par une trop petite équipe au regard de la mission à accomplir. Mme Belmeziane, faisant partie de ce petit groupe, indiquera que cela ne remplace pas une véritable cellule de veille qui pourrait voir le jour très prochainement,«si la tutelle, le ministère des Ptic, répondait favorablement à notre proposition», dira-t-elle. Une réponse qui se fait attendre. De son côté, le Dr Hakima Chaouchi, directrice Recherche & Développement, insistera sur l'importance de pareille structure qui n'est ni un luxe ni une fantaisie, mais bien une nécessité. «Un pays ne peut pas ignorer un sujet aussi important. Les efforts en matière de sécurité informatique doivent suivre l'évolution que connaît l'informatique en Algérie, sinon on risque de le payer très cher», dira-t-elle. L'absence de données et de chiffres nous empêche, malheureusement, de connaître l'ampleur des dégâts à ce jour puisque, selon nos interlocuteurs, plusieurs sociétés en Algérie, font déjà les frais de l'ignorance d'un sujet d'importance nationale.