Origines n On dit qu'il vient du Sahara occidental, mais une autre version le fait naître dans le Djurdjura. Le bourg de Maâtkas, en Kabylie, est connu pour ses poteries, mais c'est aussi un lieu de pèlerinage où, chaque année, au printemps, quand la terre est gorgée d'eau, des centaines de gens se rendent au mausolée de Sidi Ali Ou Moussa, surnommé parfois N'founas, c'est-à-dire «la Vache». De vieilles personnes, mais aussi de jeunes gens se rendent au tombeau du saint pour lui demander d'intercéder en leur faveur. On lui demande de guérir une maladie, de chasser les mauvais esprits, de rapprocher les cœurs, de réussir un examen… La ferveur populaire n'a pas de limite et le saint, ainsi que l'enseigne la tradition musulmane du Maghreb, est un proche de Dieu. Comme toutes les vies des saints algériens, la vie de Sidi Ali Ou Moussa N'founas est pleine de légendes et de miracles : rappelons encore une fois que lorsqu'on parle de miracle, il faut entendre karamat, c'est-à-dire faveurs accordées par Dieu à certains de ses serviteurs, et avec sa permission, de réaliser des prodiges pour confondre les incrédules. Comme la plupart des saints maghrébins, Sidi Ali Ou Moussa serait venu de Sakiet al-Hamra, le Rio de Oro ou Sahara occidental. Depuis les Almoravides, cette région, réputée pour la rigueur de ses mœurs et la profondeur de sa foi, est la pépinière des grands prédicateurs musulmans, des prédicateurs qui ont essaimé à travers tout le Maghreb, répandant l'islam et les doctrines mystiques parmi les populations berbérophones, alors majoritaires, et arabophones. Si certains se fixaient dans les plaines et les villes, d'autres allaient dans les montagnes où, faute de prédicateurs locaux, on avait tant besoin d'hommes de religion. Sidi Ali quitte Sakiet al-Hamra à la fin du IXe siècle de l'Hégire, soit au XVIe siècle de l'ère chrétienne. Il part avec son frère Mohamed et tous deux, après avoir traversé plusieurs régions de l'ouest de l'Algérie, décident de s'installer en Kabylie. Mohamed se fixe dans la tribu des Aït Djaâd et Ali dans celle des Maâtkas. Les deux hommes sont bien accueillis par les Kabyles qui les adoptent aussitôt. Il y a déjà une zaouïa (timâamart) à Maâtkas, avec un cheikh qui y enseigne, mais un deuxième savant n'est pas à dédaigner. Signalons cependant qu'il existe une autre version qui dit que Sidi Ali n'est pas venu du Sahara occidental, mais que c'est un enfant du pays. On dit même qu'il est originaire de la région d'Akal Aberkane et appartenait à une famille pauvre. Il avait perdu son père très tôt et, jeune encore, il devait travailler chez les riches villageois pour vivre. On le faisait trimer du matin jusqu'au soir pour un salaire de misère, mais le jeune garçon ne protestait pas et prenait ce qu'on lui donnait. Il déjeunait d'un morceau de galette et d'une poignée de figues sèches que sa mère lui donnait avant son départ pour les champs et, le soir, en rentrant, il devait se contenter d'un couscous d'orge arrosé d'huile… Il n'y a pas de raison que cette version ne soit pas la bonne, mais celle qui fait venir Sidi Ali du Sahara occidental est aussi plausible, puisque la plupart des saints de Kabylie viennent de là-bas. Nous évoquerons donc, dans ce récit, tantôt une version, tantôt l'autre. (à suivre...)