Livre n Un recueil de contes et de légendes populaires largement et joliment revisités par Zineb Labidi, vient de paraître aux éditions Mediaplus. Kan ya makan, «il était une fois», vieille formule utilisée avant d'entamer un conte, est l'intitulé du livre qui met en scène tout l'héritage ancestral de notre société, un legs patrimonial à travers lequel apparaissent et se cristallisent des traditions, des comportements et les mentalités, voire les croyances d'une société séculaire ancrée dans une longue tradition orale. Ainsi, les contes et légendes d'antan, dont plusieurs remontent à des temps immémoriaux, fabuleux et même proverbiaux, ont été mis au goût du jour par Zineb Labidi qui voue un intérêt particulier à ce genre de récits en raison de leur aspect édifiant et notamment le sens que chacun porte, c'est-à-dire la moralité qu'ils véhiculent. Ce sont des histoires transmises en effet par voie orale et que l'auteur a tenu à transcrire pour, d'une part, les partager avec les lecteurs en leur faisant découvrir des traditions, un patrimoine, et, d'autre part, pour sauvegarder ces histoires dans lesquelles toute la mémoire et toute l'identité d'une société s'expriment, se définissent et se spécifient. Elle nous les restitue avec une certaine élégance et poésie, donc avec beauté et naturel, au point de nous tenir en haleine. Evoquant aussi bien les humains que les êtres de l'invisible ou la nature, ce recueil, qui inventorie les contes des différentes régions du pays tout en revisitant certaines croyances ou coutumes populaires, nous offre une autre manière de consulter un répertoire narratif en lien avec les coutumes locales, de tresser des genres qui nous permettent de mieux comprendre l'enracinement de l'imaginaire en même temps que l'universalité des façons de dire dans un environnement coloré et merveilleux. Même s'il s'agit, dans ce recueil, d'une réécriture de ces contes, et cela selon une sensibilité se voulant littéraire, Zineb Labidi semble ne pas faire fi de l'authenticité du conte. Elle s'est d'ailleurs efforcée, dans la mesure du possible, de respecter le sens et les tournures liés à la culture algérienne. Elle n'a retenu que les versions qui lui ont semblé les plus complètes et ce, dans «le seul souci de conserver, aux fins de transmission, une unité d'espace et de temps à la narration en milieu populaire, telle qu'elle se pratique».