Il était à lui seul une œuvre artistique grandiose. Le maître est parti et c'est un pan entier de notre culture contemporaine qui s'effondre, laissant un vide immense et une douleur profonde chez ses amoureux, ses proches et tous ceux qui apprécient la voix singulière de cet homme qui a vécu par et pour ses deux grandes passions : le chaâbi et le football. Si pour la première, il s'y est investi corps et âme devenant l'un des grands maîtres de ce genre bien de chez nous, révolutionnant même cette musique en introduisant une touche légère et fraîche, une intonation et une subtilité dont seuls les puristes sont conscients, pour la seconde il garda un brin de réserve, même s'il ne l'a jamais caché au détour d'une discussion ou d'un coup de mandole. Guerrouabi aimait passionnément le sport, le foot en particulier et l'USMA par-dessus tout. Le cheikh a, depuis son enfance, porté dans son cœur, dans ses veines et dans ses chansons les couleurs rouge et noir auxquelles il a souvent rendu grâce avec sportivité et un sentiment sincère. Des générations entières ont chanté et fredonné les vers du maître et d'autres continueront de le faire durant des années et des années, car le riche patrimoine laissé par Guerrouabi est un puits sans fin et l'artiste géant qu'il a été ne peut être décrit ou raconté en quelques lignes ou en quelques livres. Nous, sportifs, gardons cette image emblématique d'un homme épris de son équipe qu'il avait chérie toute sa vie comme une femme qu'on aime éperdument, sans la torturer ni l'oublier. Juste ce qu'il faut pour faire de cet amour de l'USMA un exemple de fidélité sans limites.