On reconnaît l'artiste à son génie et à sa manière d'exécuter son art. Hamdi Benani, ambassadeur par excellence du malouf dans le monde, appartient à cette trempe d'artistes. L'homme au violon blanc n'enchante pas uniquement des centaines, voire des milliers de fans bercés par son éternelle musique mais dans chaque note qu'il compose, on sent un nouveau monde éclore. L'artiste, avec son archet, sa voix et son génie, bâtit des mondes. Dans une vaste salle de spectacles de la maison de la culture de Bouira, où Djamel Allam, Cherif Hamani, Akli Yahiatene et autres ont redonné vie aux nuits moroses, Hamdi Benani était aussi au rendez-vous. Le bonheur des amoureux de la belle musique fut immense. Mercredi, 22h, les familles ont pris place dans la salle. Sur scène, les instruments attendent impatiemment leurs exécutants. Flûte, guitare sèche, luth et mandole, tous les sons de la mélodie y sont. Et le public n'a que le plaisir de s'embarquer pour un doux voyage au cœur de cette profonde et sempiternelle musique qu'est le malouf. Un air puisé dans la tradition musicale de l'est algérien, en l'occurrence le malouf el annabi. La soirée a été entamée par une belle chanson, Ya Lehmam (le pigeon). « Un pigeon voyageur qui répandra un message de paix et d'amour dans le monde entier », a souligné l'artiste en fin de spectacle. Puis un autre morceau du terroir, qui semble traduire l'âme du malouf, Ghramek Alemni Nouh (ton amour m'a appris à pleurer) ainsi que d'autres œuvres artistiques que le maître du malouf a dépoussiérées, devant un public envoûté par la magie du violon. Applaudissements et youyous marquent la reconnaissance au maître. C'est ce que peut faire un public devant l'artiste et ce qu'attend l'artiste, en contrepartie, c'est de voir ses fans subjugués et heureux. Comme chaque grand homme veut éterniser la tradition, Hamdi Benani a présenté son fils Kamal, qui a fait écouter sa belle et profonde voix. « Il nous faut de la relève », a-t-il lancé du haut de la scène. Le chanteur qui se produit pour la deuxième fois à Bouira, a promis qu'il n'y a jamais deux sans trois. Donc, les mélomanes de la région auront encore une chance de revoir l'homme au violon blanc, le chanteur de l'amour, de la paix, de la fraternité...