Résumé de la 94e partie n Arthur épie Pat et sa visiteuse. Il tient à récupérer la poupée de Glory. Il les guettait depuis quelques minutes à peine lorsqu'elles se levèrent. Elles allaient sortir. Sans faire de bruit, il longea furtivement le côté de la maison et entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elles ne prenaient pas la voiture. Elles ne devaient pas aller bien loin, peut-être dans une maison du voisinage ou dans un restaurant du quartier. Il n'aurait pas beaucoup de temps. A la hâte, il repartit en direction de la cour. Patricia avait laissé les lumières du salon allumées et il aperçut les gros verrous neufs sur la porte-fenêtre. Même en découpant un carreau, il ne pourrait pas entrer. Il s'y était attendu et avait prévu une autre solution. Il y avait un orme près de la cour, un arbre sur lequel il était facile de grimper. Une grosse branche passait juste sous une fenêtre du premier étage. Le soir où il avait déposé la poupée, il avait remarqué que cette fenêtre ne fermait pas complètement en haut. Elle penchait comme si le châssis était mal retenu. La forcer ne présenterait pas de difficulté. Quelques minutes plus tard, il enjambait l'appui et se retrouvait dans la maison. Il écouta attentivement. Une impression de vide se dégageait de la pièce. Avec précaution, il alluma sa lampe torche. La chambre était nue et il ouvrit la porte qui donnait sur le couloir. Il était certain d'être seul dans la maison. Par où commencer ses recherches ? Il s'était donné tellement de mal avec cette poupée. Il avait failli se faire prendre en train de dérober l'éprouvette remplie de sang dans la pharmacie de l'hospice. Il avait oublié à quel point Glory aimait sa poupée ; lorsqu'il rentrait sur la pointe des pieds dans sa chambre pour voir si elle dormait bien, elle la tenait toujours serrée dans ses bras. Il lui semblait incroyable de se retrouver là pour la seconde fois en une semaine. Le souvenir de cette matinée lointaine était encore si présent ; l'ambulance, gyrophare en action, sirènes hurlantes ; le crissement des pneus dans l'allée. Le trottoir bondé de gens, des voisins qui avaient jeté un manteau sur leur peignoir luxueux ; les voitures de police barricadant la rue ; les flics partout. Une femme qui hurlait. C'était la femme de ménage qui avait découvert les corps. Avec son ambulancier de l'hôpital de Georgetown, il s'était rué vers la maison. Un jeune flic était en faction devant la porte. «Pas la peine de courir. Ils n'ont pas besoin de vous.» L'homme étendu sur le dos, une balle dans la tempe ; il devait être mort sur le coup. Le revolver se trouvait entre lui et la femme. Elle était tombée en avant et le sang de sa blessure à la poitrine maculait le tapis autour d'elle. Ses yeux encore ouverts, fixes, regardaient dans le vide, comme si elle se demandait ce qui était arrivé, comment c'était arrivé. Elle ne paraissait pas avoir plus de trente ans. Ses cheveux noirs étaient répandus sur ses épaules. Elle avait un visage mince, avec un nez délicat, des pommettes hautes. Une robe de chambre en soie jaune s'étalait autour d'elle, comme une robe du soir. A suivre