C'est alors que la médium, qui a pourtant défrayé la chronique par ses fraudes, rencontre William Crookes. On comprend mal que le savant, qui a travaillé avec un médium aussi prestigieux que Daniel Douglas Home, se soit intéressé à celle que ses adversaires appelaient «la pimbêche du spiritualisme». Certains parleront de séduction, le professeur étant tombé amoureux de la jeune médium, d'autres évoqueront la naïveté du savant qui a cru trouver dans la jeune fille — aux pouvoirs de laquelle il croyait réellement — la preuve de l'existence de la force spirituelle. Quoi qu'il en soit, il engage sa réputation de savant dans l'affaire. Il étudie Florence durant l'hiver 1873-1874, puis prolonge son observation jusqu'au début de l'été, période jugée trop courte par les spécialistes qui passent, eux, plusieurs mois, voire plusieurs années à étudier leurs sujets avant de rendre des conclusions. Devant les critiques, Crookes soutiendra avoir bien mené ses enquêtes et que ses analyses et ses conclusions sont correctes. Au demeurant, de nombreux témoins ont assisté à ses séances. En quoi consistaient- elles ? Elles se tenaient dans une pièce ou se trouvent les observateurs. Tandis que Florence est allongée dans un cabinet voisin, endormie ou ficelée, le fantôme de Katie King, drapé de voiles translucides, se promenait parmi les observateurs, leur parlant, les touchant même pour montrer la réalité de la matérialisation. Les observateurs, tous gagnés à Florence, ne manquent pas de marquer leur admiration.