Ce parcours scientifique n'empêche pas Crookes de s'intéresser à un domaine que ses collègues avaient plutôt tendance à bouder : le spiritisme. A cette époque, rappelons-le, le spiritisme venait de naître et déjà, il suscitait un grand engouement en Europe. Crookes ne sera pas le seul savant à s'intéresser au monde des esprits puisque d'autres, en France, en Amérique, en Italie et dans d'autres pays, s'étaient également mis à étudier le phénomène. Dès 1871, Crookes publie, dans la revue qu'il dirige, le Quarterly Journal of Sciences, des comptes rendus d'expériences avec Daniel Douglas Home, le célèbre médium, ainsi qu'avec une dame dont il ne donne pas le nom, mais qui serait une certaine Mrs Clayer. Avec ces médiums, Crookes a obtenu des bruits et des mouvements d'objets qu'il a pu mesurer avec un instrument de son invention et qu'il a enregistrés sur des plaques de verre fumé. Ces articles font grand bruit dans le monde des spirites où le savant est salué chaleureusement et dans les mondes des savants où il jette le trouble et suscite de nombreuses interrogations. Dans une expérience célèbre avec Home, des témoins affirment avoir vu le médium tenir du bout des doigts un accordéon qui s'est mis à jouer tout seul, par la seule force psychique de l'homme. Cet exploit est contesté par des savants. Des témoignages sont alors produits dont celui de William Huggins, qui affirmera n'avoir décelé aucune fraude au cours de l'expérience : l'accordéon jouait bien tout seul sans que la main de Home y soit pour quelque chose !