InfoSoir : Quelle différence entre un criminel informatique et un criminel classique ? Mme Lalmi : Le criminel classique est un cas social ; il doit avoir des problèmes liés à son environnement (pauvreté, drogue…), alors que le criminel informatique est un individu qui a une situation dans la société puisqu'il possède déjà les équipements technologiques et sait les manipuler. Comment voyez-vous le danger d'Internet sur la société ? ll Internet peut constituer une menace sur notre identité socioculturelle qui se présente par le phénomène de la cybercriminalité. La généralisation de l'outil informatique a entraîné l'émergence de la cybercriminalité qui inquiète de plus en plus les entreprises et le institutions financières algériennes en raison de l'éventuelle intrusion frauduleuse dans leurs systèmes informatiques. Internet constitue un véritable danger économique. Quels sont les moyens susceptibles de lutter contre la criminalité informatique ? Il faudrait développer un cadre juridique adéquat étant donné que la globalité des réseaux rend difficile l'application des lois nationales. En outre, la technologie utilisée est complexe et ne facilite pas le contrôle. L'Algérie est en phase embryonnaire de la criminalité. Quelle est sa politique face à son émergence ? L'Algérie a beaucoup fait dans ce contexte, un projet de loi contre la criminalité informatique est en voie d'élaboration. Internet étant un réseau sans frontières, son contrôle est-il difficile ? ll Tout à fait, aucune censure ne peut se faire, mais il reste la sensibilisation qui est totalement absente chez nous. A commencer par les écoles, les familles, les institutions à caractère éducatif et culturel, qui doivent orienter l'utilisation positive de la technologie pour l'acquisition du savoir et de l'information. A signaler que la Tunisie est le seul pays au Maghreb qui exerce un contrôle étatique sévère sur les sites Internet. Votre livre est pour bientôt… Il est en phase de finalisation. Dans La Cybercriminalité, réalité et perspectives, je présente ce phénomène comme une menace nationale tout en attirant l'attention des responsables, des familles et des jeunes sur son danger. Y a-t-il eu des plaintes dans ce sens selon votre recherche ? ll Il y a des dépassements, chez nous, mais malheureusement il n'y a jamais eu de plaintes, à ma connaissance, déposées par des internautes. Un message à passer aux parents ? ll Nos enfants et nos jeunes sont menacés par cette nouvelle forme de violence technologique. Leur protection est l'affaire de tous. On ne peut pas en vouloir aux parents qui veulent seulement que leurs enfants avancent dans leurs études grâce à la technologie. Mais ils doivent savoir que le petit utilisateur peut l'exploiter dangereusement. * Cadre supérieur de la jeunesse et des sports, docteur en droit, chercheur.