Résumé de la 144e partie n De nouveau, Aziz ne résiste pas à la tentation ; sa gourmandise prend le dessus. Il revient, dépité, se faire expliquer par Aziza la symbolique des objets qu'il a retrouvés sur lui… Alors moi, encore tout plein de dépit, j'attirai brutalement son attention en lui lançant une ou deux injures. Mais sa patience n'en fut pas émue et admirable de douceur, elle s'essuya les yeux et vint à moi et me jeta les bras autour du cou et me serra de force contre sa poitrine, alors que moi j'essayais de la repousser, et me dit : «Oh ! mon pauvre Aziz, je vois que tu t'es laissé encore aller à dormir cette nuit !» Et moi, n'en pouvant plus, je m'affalai sur les tapis, suffoqué de dépit, et je lançai au loin le couteau que j'avais ramassé. Alors Aziza prit un éventail et s'assis à côté de moi et se mit à me faire de l'air et à me dire de prendre courage et que tout devait finir par s'arranger. Et sur sa demande je lui énumérai les différents objets qu'en me réveillant j'avais trouvés sur mon ventre. Puis je lui dis : «Par Allah ! hâte-toi de m'expliquer tout cela !» Elle répondit : «Ah ! mon Aziz, ne t'avais-je pas bien recommandé, pour éviter le sommeil, de résister à la tentation de la nourriture !» Mais je m'écriai : «Oh ! hâte-toi de m'expliquer la chose !» Elle dit : «Sache que la balle ronde signifie…» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin, et discrète comme elle était, s'arrêta dans les paroles permises. Mais lorsque fut la cent dix-huitième nuit, elle dit : «Sache que la balle ronde signifie que ton cœur, malgré ta présence dans la maison de ton amoureuse, vagabonde dans l'air et décèle ton peu de ferveur ; les noyaux de dattes veulent dire que comme eux, tu es dénudé de saveur puisque la passion, qui est la pulpe même du cœur, te manque totalement ; les grains du caroubier qui est l'arbre d'Ayoub, père de la patience, sont là pour te rappeler cette vertu si précieuse pour les amoureux ; quant à l'os de patte de mouton, il ne supporte vraiment pas d'explication !» Alors je m'écriai : «Mais, ô Aziza, tu oublies la lame effilée et les deux drachmes d'argent !» Et Aziza devint toute tremblante et me dit : «O Aziz, comme j'ai peur pour toi. Les deux drachmes d'argent symbolisent ses deux yeux. Et elle veut, par-là, te dire : ”Je jure sur mes deux yeux que si tu revenais pour te rendormir, je t'égorgerais sans miséricorde avec le couteau.” O fils de mon oncle, comme j'ai peur ! Et pour ne pas t'ennuyer, je refoule toujours en moi-même mon effroi et je pleure en silence, seule dans la maison vide. Et pour toute consolation je n'ai que mes sanglots !» Alors mon cœur compatit à sa douleur et je lui dis : «Par ma vie sur toi, ô fille de mon oncle, quel est le remède à tout cela ? Ah aide-moi à sortir de cette calamité sans recours !» Elle dit : «Avec amitié et respect ! Mais il te faut écouter mes paroles et t'y conformer, sinon rien n'est fait !» Je répondis : «J'écoute et j'obéis ! je te le jure sur la tête de mon père !» Alors Aziza , confiante en ma promesse, devint heureuse et m'embrassa et me dit : «Eh bien voici. Il te faut dormir ici toute la journée de la sorte tu ne seras pas tenté cette nuit par le sommeil. Et à ton réveil je te donnerai moi-même à manger et à boire et tu n'auras ainsi plus rien à redouter.» A suivre