Résumé de la 143e partie n Aziza explique à son cousin la signification du sel et du charbon qu'il trouva déposés sur son ventre, à son réveil. Mais lorsque fut la cent dix-septième nuit, Shahrazade dit au roi Schahriar : Il m'est parvenu, ô roi fortuné, que le vizir Dandân continua de la sorte, pour le roi Daoul'Makân, l'histoire que le bel Aziz racontait au jeune prince Diadème. Or, ma pauvre cousine Aziza m'aimait considérablement ; et elle fut à la limite de l'attendrissement en me voyant si chagriné et elle répondit : «Sur ma tête et sur mes yeux ! Mais, ô Aziz, comme cela me serait bien plus facile de t'être utile si les convenances me permettaient de sortir, d'aller et de venir ! Prête à me marier, je dois, selon nos usages, garder la maison strictement. Pourtant écoute-moi, bien pour que, de loin, je puisse veiller sur ta réussite du moment que je ne puis être un trait direct d'union entre elle et toi. Donc, ô Aziz, retourne encore ce soir au même endroit et surtout résiste à la tentation du sommeil ! Pour cela évite de manger, car la nourriture alourdit les sens et les amollit. Prends donc bien garde de dormir et tu la verras venir à toi vers le quart de la nuit. Et qu'Allah t'ai sous sa protection et te défende contre les perfidies !» Alors moi je me mis à faire des vœux pour que la nuit vint plus tôt. Et lorsque je fus sur le point de sortir, Aziza m'arrêta encore un instant pour me dire : «Et je te recommande, avant tout, lorsque la jeune fille t'aura accordé la satisfaction de tes désirs, de ne pas oublier de lui réciter la strophe que je t'ai apprise.» Et moi je répondis : «J'écoute et j'obéis», puis je sortis de la maison. En arrivant au jardin, je trouvai comme la veille, la salle magnifique illuminée et dans cette salle, de grands plateaux chargés de mets, de pâtisseries, de fruits et de fleurs. A peine l'odeur des fleurs et des mets et de toutes ces délices m'eut-elle attendri les narines, que mon âme ne put contenir et j'obéis à son désir et je mangeai mon plein de chaque chose et je bus à même le grand pot vernissé, et comme il plaisait extrêmement à mon âme, j'en bus encore jusqu'à la dilatation complète de mon ventre. Alors je fus content. Mais bientôt mes paupières battirent et pour lutter contre le sommeil j'essayai de les ouvrir avec mes doigts, mais en vain. Alors je me dis : «Je vais simplement, sans dormir, m'étendre un peu, oh ! le temps de poser un instant ma tête sur le coussin, sans plus ! Mais je ne dormirai pas, oh ! non !» Et je pris un coussin et m'y appuyai la tête. Mais ce fut pour ne me réveiller que le lendemain au jour et je me vis étendu non plus dans la salle splendide, mais dans une misérable pièce qui devait probablement servir aux palefreniers et je trouvai sur mon ventre un os de patte de mouton, une balle ronde, des noyaux de dattes, des grains de caroubes et, à côté, deux drachmes et un couteau. Alors, plein de confusion, je me levai et secouai vivement tous ces déchets et furieux de ce qui m'advenait, je ramassai seulement le couteau et j'arrivai bientôt à la maison où je trouvai Aziza qui murmurait plaintivement ces strophes : «Larmes de mes yeux, vous avez dissous mon cœur et rendu liquide mon corps, et mon ami est de plus en plus cruel ! Mais n'est-il point doux de souffrir pour l'ami, quand il est si beau ? O Aziz, mon cousin, tu as rempli mon âme de passion et creusé en elle des abîmes de douleur !» A suivre