Image n La ville semble désertée. A partir de 11 heures, seuls quelques vieillards occupent le jardin, à l'ombre d'arbres auxquels les années n'ont laissé que l'ossature. La rue principale, baptisée du nom de Cheikh El-Bachir El-Ibrahimi n'accueille que quelques passants pressés de regagner leur domicile afin de se mettre le plus vite possible à l'abri de la chaleur étouffante caractérisant la fin de ce mois de juillet. «Je sors de chez moi à 7 heures, je fais mes courses et je me précipite pour rentrer avant 10 heures car je ne supporte pas la chaleur, d'autant plus que je suis asthmatique», indique Abdelkader, un père de famille croisé à la sortie du marché de fruits et légumes situé au centre-ville. Notre interlocuteur n'est pas un adepte des cafés ni des autres places publiques ; il se contente de courtes discussions avec les gens qu'il rencontre sur son chemin. «Les sages restent chez eux jusqu'au soir et ceux qui restent dehors dans la journée, je ne partage rien avec eux», explique-t-il, non sans manifester son courroux quant à l'indisponibilité de structures de détente et de loisirs, notamment pour les jeunes. Tout au long de la rue principale du centre-ville, des groupes de personnes âgées charriant des couffins, se précipitent pour «fuir le calvaire et surtout les odeurs nauséabondes se dégageant de l'oued, la fierté d'El-Harrach», pour reprendre intégralement les propos d'une sexagénaire. Cette vieille, qui refuse toutefois de se laisser prendre en photo, souhaite le rétablissement de la situation sécuritaire à El-Milia (Jijel), pour qu'elle puisse enfin regagner son douar qu'elle a quitté depuis 1995, en compagnie de son époux et de son fils, actuellement agent de sécurité dans une entreprise publique. «Au village, raconte-t-elle, malgré l'inexistence de moyens de détente, l'on a au moins le privilège de respirer de l'air pur…» La souffrance des personnes ayant des problèmes respiratoires s'accentue en cette période de canicule. Les citoyens nantis ont fui cette localité dès l'amorce de la saison estivale. Les habitations demeurent closes en attendant la rentrée sociale et le retour de leurs occupants. Le constat est le même dans une grande partie de la ville ; dans un immeuble comptant des dizaines de logements, seules quelques fenêtres sont restées ouvertes. Les jeunes, quant à eux, sont livrés à eux-mêmes. Entre le semblant de jardin, les cafés et le marché, ils tentent, tant bien que mal, de se plonger dans des blagues et autres discussions pour ne pas ressentir la pesanteur des journées. Certains quartiers, à l'image de Boumati et Cinq-Maisons, semblent quasi désertés à partir de midi. L'indisponibilité des moyens de détente et de loisirs impose la pratique de la sieste. Ce n'est qu'à partir de 18 h que les citoyens commencent à sortir de chez eux pour se diriger vers les cafés, seule alternative disponible pour passer le reste de la journée. Ici, les jours passent, se ressemblent et l'oisiveté n'inquiète plus les Harrachis. Leur souci majeur est de préparer la rentrée sociale. Pour cela, tout le monde se débrouille pour garantir une reprise décente…..