Otages n Les citoyens de cette localité sont dépourvus de moyens de détente. Dès le coucher du soleil, chacun regagne son domicile. Il est 19h 30, la rue Aomar-Boularès, plus connue sous le nom de rue d'Alger, ne compte que quelques citoyens attendant des moyens de transport pour regagner leurs domicile (Alger-Centre, Chéraga ou Réghaïa). Ce ne sont pas des Harrachis, mais ils viennent y travailler et sont pressés de rentrer chez eux dès leur journée terminée, car le danger plane toujours sur les lieux, connus pour les innombrables crimes et agressions à l'arme blanche commis à l'encontre des citoyens, tous sexes et âges confondus. «Ici, les gens sont suspicieux, personne ne fait confiance à l'autre. Vous voyez, même à l'arrêt des bus, les gens s'éloignent les uns des autres», commente Abdennour, un jeune Harrachi rencontré au taxiphone, près de la gare ferroviaire. Il ajoute qu'en hiver, la vie prend fin à partir de 17 h. Et les cafés ? et les lieux de loisirs et de convivialité ? Notre interlocuteur affirme que ces concepts appartiennent à d'autres lieux et qu'ils ne sont pas encore arrivés à El-Harrach. « Il n'y a que les cafés maures pour les uns et la maison pour les autres. Beaucoup de jeunes se déplacent, tôt le matin, vers la côte Est d'Alger ou les plages de Boumerdès et ne reviennt qu'à des heures tardives de la nuit. Certains se permettent de passer la saison sous d'autres cieux pour ne revenir qu'avec la rentrée sociale», atteste Karim, un jeune qui s'apprête, pour sa part, à «fuir» vers les plages de Annaba, n'attendant pour cela que le versement de son salaire (il est employé dans un restaurant à Baraki). Les locataires à l'hôtel Bennabi, employés dans des chantiers de bâtiment ou vendeurs à la sauvette dans leur grande majorité, regagnent, eux aussi, leur «abri» dès le coucher du soleil. Le centre-ville paraît inanimé. Le jardin public n'accueille que quelques citoyens qui n'hésitent pas à rentrer chez eux dès l'appel à la prière du Maghreb. «On dirait qu'on est toujours au Sud. La chaleur, la morosité, l'anxiété… tout est là pour nous ennuyer davantage. Nous avons fui le calvaire du désert et nous nous sommes retrouvés dans des conditions pareilles, ici au Nord», déplorent deux citoyens venus de Ghardaïa pour passer quelques jours de repos chez leurs cousins à El-Harrach ; ils ajoutent que, hormis les week-ends où ils vont à la plage, ils «passent des journées aussi infernales que celles de Ghardaïa». Les vieux de la localité de Cinq-Maisons passent la soirée en jouant aux dominos. Deux tables sont placées, à cet effet, au niveau du boulodrome. «Nous avons l'habitude de nous amuser tous les soirs jusqu'à ce que l'obscurité impose sa loi. En hiver comme en été, nous nous rencontrons dans ce lieu paisible afin de partager des moments de détente. Parfois nous jouons aux boules», soulignent les vieux amis qui, toutefois, déplorent l'inexistence d'infrastructures de loisirs et de détente pour les jeunes.