Résumé de la 148e partie n Aziz récita à sa bien-aimée les vers que lui avait appris sa cousine. Epouvantée, sa bien-aimée lui apprit que celle qui lui avait fait promettre de réciter la poésie devait sûrement être morte à l'heure qu'il est. Mais elle me cria : «Que dis-tu ? Et pourquoi mens-tu de la sorte ? Ce n'est pas vrai ! Si vraiment c'était ta fiancée, tu l'aimerais autrement !» Je répétai : «C'est ma fiancée, la fille de mon oncle, Aziza !» Alors elle dit : «Alors pourquoi ne me le disais-tu pas ? Par Allah ! jamais je ne me serais permis de lui ravir son fiancé, si j'avais eu connaissance de ces liens ! Malheur ! Mais, dis-moi, a-t-elle tout su de nos rencontres d'amour ?» Je dis : «Certes ! Et c'est elle-même qui m'expliquait les signes que tu me faisais ! Et sans elle je n'aurais jamais pu parvenir jusqu'à toi ! C'est grâce à ses bons conseils et à sa bonne direction que j'ai pu parvenir au but !» Alors elle s'écria : «Eh bien ! c'est toi qui es la cause de sa mort ! Puisse Allah ne point abîmer ta jeunesse comme tu as abîmé la jeunesse de ta pauvre fiancée ! Va donc vite voir ce qu'il en est !» Alors moi je me hâtai de sortir, l'esprit préoccupé de cette mauvaise nouvelle. Et, en arrivant au coin de la ruelle où est située notre maison, j'entendis des cris lugubres des femmes qui se lamentaient à l'intérieur de la maison. Et comme je m'informais auprès des voisines qui entraient et sortaient, l'une d'elles me dit : «On a trouvé Aziza, derrière la porte de sa chambre, étendue morte !» Alors moi je me précipitai à l'intérieur ; et la première personne qui me vit fut ma mère, qui me cria : «Tu es responsable devant Allah de sa mort ! Et le poids de son sang est attaché à ton cou ! Ah ! mon fils, quel triste fiancé tu as été !» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. La nuit venue, elle dit : «Ah ! mon fils, quel triste fiancé tu as été !» Et comme elle allait continuer à m'accabler de reproches, mon père entra ; alors elle se tut devant lui, pour le moment. Et mon père commença à faire les préparatifs des funérailles ; et quand tous les amis et les proches furent là, et que tout fut prêt, alors nous célébrâmes les funérailles et nous fîmes les cérémonies d'usage pour les grands enterrements, en restant trois jours, sous les tentes, sur sa tombe, à réciter le Livre Saint. Alors moi je revins à la maison, près de ma mère, et je me sentais le cœur pris de pitié pour l'infortunée défunte. Et ma mère vint à moi et me dit : «Mon fils, je veux que tu me dises enfin ce dont tu as bien pu te rendre coupable envers la pauvre Aziza pour lui avoir ainsi fait éclater le foie ! Car, ô mon fils, j'eus beau lui demander à elle-même la cause de sa maladie, elle n'a jamais rien voulu me révéler et surtout elle n'eut jamais un mot amer contre toi ; au contraire ! Elle eut pour toi, jusqu'à la fin, des paroles de bénédiction. Donc, ô Aziz, par Allah sur toi ! Raconte-moi ce que tu as fait à cette infortunée pour la faire ainsi mourir !» Je répondis : «Moi ? rien du tout !» Mais ma mère insista et me dit : «Quand elle fut sur le point d'expirer, j'étais à son chevet. Alors elle se tourna vers moi, ouvrit un instant les yeux et me dit : ”O femme de mon oncle, je supplie le Seigneur de ne demander compte à personne du prix de mon sang, et de pardonner à ceux qui m'ont torturé le cœur ! Voici en effet que je quitte un monde périssable pour un autre, immortel !” Et je lui dis : ”O ma fille, ne parle pas de la mort ! Qu'Allah te rétablisse promptement !” Mais elle me sourit tristement et me dit : ”O femme de mon oncle, je te prie de transmettre à Aziz, ton fils, ma dernière recommandation, en le suppliant de ne pas l'oublier ! Lorsqu'il ira à l'endroit où il a l'habitude d'aller qu'il dise ces mots, avant de le quitter : que la mort est douce et préférable à la trahison !”» (à suivre...)