Résumé de la 133e partie n Les longs récits de Schahrazade l'ont maintenue en vie. Le prince Diadème s'est montré passionné par les mésaventures du beau jeune homme. Et le jeune Aziz raconta ainsi son histoire au beau prince Diadème. Sache, mon jeune seigneur, que mon père était un d'entre les grands marchands ; et il n'avait point d'autres fils que moi. Mais j'avais une cousine qui avait été élevée avec moi dans la maison de mon père, vu que son père à elle était mort. Or, avant de mourir, mon oncle avait fait promettre à mon père et à ma mère de nous marier ensemble à notre majorité. Aussi nous laissa-t-on toujours ensemble et nous nous attachâmes de la sorte l'un à l'autre et la nuit on nous faisait coucher dans le même lit, sans nous séparer. D'ailleurs nous ne nous doutions guère des inconvénients que cela pouvait avoir, bien que toutefois ma cousine fût, sur ces questions, beaucoup plus clairvoyante que moi et plus instruite et plus expérimentée ce dont je jugeai plus tard, en réfléchissant à la façon dont elle m'enlaçait de ses bras et dont elle serrait les cuisses en s'endormant. Sur ces entrefaites, comme nous venions d'atteindre l'âge voulu, mon père dit à ma mère : «Il nous faut, cette année, marier sans retard notre fils Aziz avec sa cousine Aziza.» Et il tomba d'accord avec elle sur le jour de l'écriture du contrat, et se mit aussitôt à faire les préparatifs des festins pour la cérémonie et il alla inviter les parents et les amis, leur disant : «Ce vendredi, après la prière, nous allons écrire le contrat du mariage d'Aziz avec Aziza.» Et ma mère, de son côté, alla prévenir de la chose toutes les femmes de sa connaissance et toutes ses proches. Et pour bien recevoir les invités, ma mère et les femmes de la maison lavèrent à grande eau la salle de réception et firent étinceler les marbres qui la pavaient, et étendirent les tapis par terre et ornèrent les murs des belles étoffes et des tapisseries ouvrées d'or contenues dans les grands coffres. Quant à mon père, il se chargea, lui, de faire les commandes de pâtisseries et de douceurs et de préparer et de ranger avec soin les grands plateaux des boissons. Moi, enfin, ma mère m'envoya au hammam et eut soin de faire porter derrière moi, par un esclave une belle robe neuve, tout ce qu'il y avait de mieux, pour que je la vêtisse après le bain. J'allai donc au hammam et une fois mon bain fini, je revêtis la somptueuse robe en question qui était toute parfumée et si puissamment que sur ma route, les passants s'arrêtaient pour en renifler l'arôme dans l'air. Je me dirigeai donc vers la mosquée pour la prière qui, en ce jour du vendredi, devait procéder la cérémonie, quand je me rappelai, en route, un ami que j'avais oublié d'inviter. Et je me mis à marcher très vite pour ne pas être en retard et si bien que je m'égarai dans une ruelle qui m'était inconnue. Alors, comme j'étais tout moite de sueur à cause du bain chaud et à cause aussi de la robe neuve dont l'étoffe était rigide, je profitai de la fraîcheur d'ombre de cette ruelle pour m'asseoir un moment sur un banc le long du mur ; mais avant de m'asseoir je tirai de ma poche un mouchoir brodé d'or et je l'étendis sous moi. A suivre