Résumé de la 11e partie n La vieille, à qui Alischar raconta son malheur, s?introduisit dans la maison où était Zoumourroud et gagna la confiance des esclaves. Mais, en tournant la tête, voici que la vieille aperçut Zoumourroud étendue ; et elle interrogea à son sujet les esclaves, qui lui apprirent tout ce qu'elles savaient. Et aussitôt elle fut persuadée qu'elle était en présence de celle qu'elle cherchait. Elle s'approcha de l'adolescente et lui dit : «Ma fille, que tout mal s'éloigne de toi ! Allah m'envoie à ton secours ! Tu es Zoumourroud, l'esclave aimée d'Alischar fils de Gloire !» Et elle lui apprit pourquoi elle était venue, déguisée en pourvoyeuse, et lui dit : «Demain soir, tiens-toi prête à être enlevée ; mets-toi à la fenêtre de la cuisine qui donne sur la rue et quand tu verras quelqu'un dans l'ombre qui se mettra à siffler, ce sera le signal. Réponds-lui en sifflant et saute sans crainte dans la rue. C'est Alischar lui-même qui sera là et qui te délivrera !» Et Zoumourroud baisa les mains de la vieille, qui se hâta de sortir et d'aller mettre Alischar au courant de ce qui venait de se passer, ajoutant : «Tu iras donc là-bas, au-dessous de la fenêtre de la cuisine de ce maudit-là, et tu feras comme ça et comme ça.» Alors Alischar remercia beaucoup la vieille pour ses bons offices et voulut lui faire cadeau de quelque chose ; mais elle refusa et s'en alla en lui souhaitant le succès et le bonheur, le laissant se réciter des vers sur l'amertume de la séparation. Le lendemain soir, Alischar prit la route qui conduisait à la maison dépeinte par la bonne vieille et finit par la trouver. Il vint s'asseoir au bas du mur, où il attendit que fût venue l'heure de siffler ! Mais comme il était là depuis un certain temps et qu'il avait déjà passé deux nuits sans sommeil, il fut tout d'un coup vaincu par la fatigue et s'endormit. Glorifié soit Le Seul qui jamais ne s'endort ! Pendant qu'Alischar était ainsi assoupi au bas de la cuisine, cette nuit-là, le destin poussa de ce côté, en quête de quelque bonne aubaine, un larron d'entre les larrons audacieux qui, après avoir fait tout le tour de la maison, sans trouver d'issue, arriva à l'endroit où dormait Alischar. Il se pencha sur lui et, tenté par la richesse de ses habits, il lui vola tout doucement son beau turban et son manteau et s'en affubla en un clin d'?il. Et au même moment il vit la fenêtre s'ouvrir et entendit quelqu'un siffler. Il regarda et aperçut une forme de femme et cette femme lui faisait signe et sifflait. C'était Zoumourroud qui le prenait pour Alischar. A cette vue, le voleur, sans trop comprendre, se dit : «Si je lui répondais ?» Et il siffla. Aussitôt Zoumourroud sortit de la fenêtre et sauta dans la rue, en s'aidant d'une corde. Et le voleur, qui était un fort solide gaillard, la reçut sur son dos et s'éloigna avec la rapidité de l'éclair. Quand Zoumourroud vit une telle force chez son porteur, elle fut extrêmement étonnée et lui dit : «Alischar, mon bien-aimé, la vieille m'a dit que tu pouvais à peine te traîner, tant tu avais été affaibli par la douleur et la crainte. Et je vois que tu es plus fort qu'un cheval !» Mais comme le voleur ne répondait pas et galopait plus rapidement, Zoumourroud lui passa la main sur le visage, et le trouva tout hérissé de poils plus durs que le balai du hammam et tel qu'on l'eut cru quelque cochon ayant avalé une poule dont les plumes lui seraient sorties de la gueule. A cette constatation, elle eut une terreur épouvantable et se mit à lui donner des coups sur la figure en lui criant : «Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu es ?» Or comme à ce moment ils étaient déjà loin des habitations, dans la pleine campagne envahie par la nuit et la solitude, le voleur s'arrêta un instant, déposa à terre l'adolescente et lui cria : «Moi, je suis Djiwân le Kourde, le plus terrible compagnon de la bande d'Ahmad El-Danaf. Nous sommes quarante gaillards qui, depuis longtemps, sommes privés de chair fraîche ! La nuit prochaine sera la plus bénie de tes nuits...!» (à suivre...)