Résumé de la 142e partie n L'appétit lui revenant, Aziz s'en donna à cœur joie, dégustant de délicieuses pâtisseries et ragoûtants poulets avant de sombrer dans un profond sommeil. Que se passa-t-il durant cette nuit ?… Tout ce que je sais, c'est qu'au matin, me réveillant sous les rayons ardents du soleil, j'étais étendu, non plus sur les doux tapis merveilleux, mais directement sur le marbre nu, et j'avais sur la peau du ventre une pincée de sel et une poignée de poudre de charbon. Alors je me levai vivement et me secouai et regardai à droite et à gauche, mais je ne vis pas trace d'une créature vivante autour et alentour. Aussi, grandes furent ma perplexité et mon émotion également et je fus contre moi-même dans une grande colère puis je me repentis de la faiblesse de ma chair et de mon peu d'endurance aux veilles et à la fatigue. Et je m'acheminai tristement vers ma maison, où je trouvai ma pauvre Aziza qui se lamentait doucement et récitait ces vers en pleurant : «Dansante la brise se lève et vient à moi à travers la prairie. Je la reconnais à son odeur, avant même que sa caresse ne se pose sur mes cheveux. «O brise douce, viens ! les oiseaux chantent. Viens ! toute effusion suivra sa destinée. Si je pouvais, ah ! si je pouvais, amour, te prendre dans mes bras comme l'amant sur sa poitrine emprisonne la tête de sa bien-aimée !… Oh ! adoucir à ton haleine l'amertume de ce cœur qui dans la douleur se plonge ! «Toi parti, ô Aziz, que me restera-t-il des joies de ce monde et quel goût désormais trouver à la vie ! Ah, qui me dira si le cœur du bien-aimé est comme mon cœur, liquéfié de la chaleur d'amour et de sa flamme !» Mais en me voyant, Aziza se leva vivement en essuyant ses larmes et me reçut avec des paroles de toute douceur et m'aida à me débarrasser de mes vêtements qu'elle renifla à plusieurs reprises pour me dire : «Par Allah ! ô fils de mon oncle, ce ne sont vraiment pas là les parfums que laisse sur les habits le contact d'une femme amoureuse ! Raconte-moi donc ce qui s'est passé.» Et je me hâtai de la satisfaire. Alors son visage devint fort soucieux, et elle me dit sur un ton effrayé : «Par Allah ! ô Aziz, je ne suis plus tranquille à ton sujet, et j'ai bien peur maintenant que cette inconnue ne te fasse éprouver de grands désagréments. Sache, en effet, que le sel posé sur ta peau signifie qu'elle te trouve très fade toi, un amoureux si passionné, de t'être laissé vaincre par le sommeil et la fatigue ; et le charbon signifie «puisse Allah te noircir le visage !» ô toi dont l'amour est mensonger ! Ainsi donc, mon Aziz bien-aimé cette femme, au lieu d'être gentille pour son hôte et de le réveiller doucement, l'a traité avec ce mépris et lui a fait ainsi savoir qu'il n'était bon qu'à manger, boire et dormir. Ah ! Allah te délivre de l'amour de cette femme sans miséricorde et sans cœur.» Alors moi, à ces paroles, je me frappai la poitrine et m'écriai : «C'est moi qui suis le coupable, car par Allah ! Cette femme a raison, les amoureux ne dorment pas. Ah ! c'est moi qui, par ma faute, me suis attiré cette calamité. De grâce ! Que faire maintenant, ô fille de mon oncle ? Ah, dis-le-moi !» Or ma pauvre cousine Aziza m'aimait considérablement et elle fut à la limite de l'attendrissement en me voyant si chagriné. A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. A suivre