Résumé de la 109e partie n Les soupçons pèsent de plus en plus sur Arthur, mais il ne se démonte pas et arrive à se montrer convaincant dans ses réponses aux questions du commissaire Barrot. Avec son regard doux et limpide, le commissaire Barrot encourageait les confidences. «Quel âge aviez-vous lorsque vous êtes entré au séminaire, Arthur ? demanda-t-il gentiment. — J'avais vingt ans. Et j'y suis resté jusqu'à l'âge de vingt et un ans. — Je vois. Dites-moi, Arthur, dans quel séminaire étiez-vous ? — A Collegeville, dans le Minnesota, chez les bénédictins.» Le commissaire Barrot sortit un carnet et y nota l'indication. Arthur se rendit compte trop tard qu'il en avait trop dit. Supposons que le commissaire Barrot se mette en rapport avec la communauté. Il apprendrait peut-être qu'on avait prié Arthur de s'en aller après la mort de frère Damian. Cette pensée tracassa Arthur durant toute la journée. Le Dr Cole lui avait dit de retourner travailler, mais il sentait les regards soupçonneux que lui lançait l'infirmière Sheehan. Tous les patients le dévisageaient d'un air bizarre. Lorsqu'il alla voir le vieux M. Thomas, il trouva sa fille auprès de lui. «Arthur, dit-elle, vous n'aurez plus à vous occuper de mon père. J'ai demandé à l'infirmière Sheehan de désigner un autre aide-infirmier pour prendre soin de lui.» Il eut l'impression de recevoir une gifle en pleine figure. Pas plus tard que la semaine dernière, M. Thomas s'était plaint : «Je ne supporterai plus longtemps de me sentir aussi malade.» Arthur l'avait réconforté : «Peut-être Dieu ne vous le demandera-t-il pas, monsieur Thomas.» Arthur s'efforça de garder un sourire enjoué en traversant la salle de détente pour aider M. Whelan qui tentait péniblement de se lever. Tout en faisant l'aller-retour jusqu'aux toilettes avec le pauvre homme, il sentit ses maux de tête le reprendre, une de ces douleurs aveuglantes qui faisaient danser des lumières devant ses yeux. Il savait ce qu'ils annonçaient. En aidant M. Whelan à se rasseoir dans son fauteuil, il regarda le poste de télévision. L'écran était trouble ; et peu à peu un visage prit forme, le visage de Gabriel, tel qu'il apparaîtrait au jour du Jugement dernier. Gabriel ne s'adressa qu'à lui : «Arthur, tu n'es plus en sécurité ici. — Je comprends.» Il se rendit compte qu'il avait parlé à voix haute en entendant M. Whelan dire : «Chut !» Il descendit à son vestiaire, emballa soigneusement ses effets personnels, mais laissa son uniforme de rechange et ses vieilles chaussures. Il avait congé le lendemain et mercredi ; personne ne devinerait qu'il n'avait pas l'intention de revenir jeudi, à moins d'aller regarder dans son vestiaire pour une raison ou pour une autre et de le trouver vide. Il enfila sa veste de sport, la marron et jaune qu'il avait achetée chez J. C. Penney l'année dernière. Il la laissait habituellement à l'hospice afin d'être présentable au cas où il irait retrouver Glory au cinéma ou ailleurs. (à suivre...)