Résumé de la 115e partie n Pat en est aux dernières prises pour son reportage sur le sénateur Jennings. Elle est pressée d'en finir. Abby avait jeté son dévolu sur Sam Kingsley ; cela ne faisait aucun doute. Toby n'avait pas manqué de remarquer la façon dont elle suggérait à ses amis de le placer à côté d'elle dans les dîners. Quelque chose en lui rappelait Billy, et c'était ce qui attirait tellement Abby. Elle s'était bien comportée en public, mais la mort de Billy l'avait anéantie. Toby savait que Sam ne l'appréciait guère. Mais c'était sans importance. Sam ne durerait pas plus longtemps que les autres. Abby était trop dominatrice pour la majorité des hommes. Soit ils se lassaient de supporter ses horaires et ses humeurs, soit ils s'y soumettaient et c'est elle qui se lassait d'eux. Toby, lui, ferait à jamais partie de la vie d'Abby. Elle serait désemparée sans lui et elle le savait. Tout en la regardant poser devant la table du buffet, le regret lui noua la gorge. Il se surprenait parfois à imaginer son existence s'il avait fait travailler sa cervelle à l'école au lieu de faire des coups ; s'il était devenu ingénieur au lieu de rester un bon à tout et à rien. Et s'il avait été bel homme comme cette chiffe de Jeremy Saunders et non un gros lourdaud sans attrait. Qui sait, Abigail aurait pu tomber amoureuse de lui… Il repoussa cette pensée et revint à l'heure présente. A 17 heures pile, la première voiture arriva. L'ex-juge de la Cour suprême et son épouse entrèrent une minute ou deux plus tard. «Joyeux Noël, Madame la Vice-Présidente», dit le juge. Abigail l'embrassa à son tour chaleureusement. «Que le Seigneur vous entende», dit-elle en riant. Les autres invités commencèrent à affluer. Les extras servirent le champagne et le punch. «Gardez les boissons fortes pour plus tard, avait recommandé Luther. Les Etats du Sud n'aiment pas voir leurs représentants servir de l'alcool.» Sam arriva en dernier. Abigail alla lui ouvrir la porte. Le baiser qu'elle déposa sur sa joue fut plein de tendresse. Luther dirigeait la seconde caméra sur eux. Pat sentit son cœur flancher. Sam et Abigail formaient un couple exceptionnel — grands, cheveux blonds contre tête brune, équilibre subtil entre les fils gris de la chevelure de Sam et les fines rides autour des yeux d'Abigail. Pat vit l'assistance se rassembler autour de Sam. Je pense à lui uniquement en tant que Sam, pensa-t-elle. Je ne l'ai jamais vu dans son milieu professionnel. Les choses s'étaient-elles déroulées ainsi entre son père et sa mère ? Ils s'étaient rencontrés en vacances à Martha's Vineyard. Ils s'étaient mariés le mois suivant, sans réellement connaître ni comprendre leur univers réciproque — et le désaccord s'était installé. «Mais je ne me disputerais pas avec vous, Sam. J'aime votre univers.» Abigail venait sans doute de plaisanter. Tout le monde éclata de rire. Sam lui sourit. «C'est un joli plan, Pat, dit l'opérateur. Un peu de sentiment — vous voyez ce que je veux dire ? C'est la première fois qu'on voit le sénateur Jennings avec un type. Les gens aiment ça.» Il était aux anges. (à suivre...)