Résumé de la 156e partie n Aziz retrouve sa liberté une année plus tard. Il rejoint Dalila-la-Rouée qui l'attendait. Mais comment savait-elle qu'il allait la rejoindre ce jour-là ? Des questions qui intriguent Aziz. Elle répondit : «Par Allah, je ne savais rien de ta venue. Mais, depuis un an, toutes les nuits je t'attends ici même, et je pleure solitaire et me consume. Vois comme je suis changée par les veilles et les insomnies. Et je suis ainsi à t'attendre depuis le jour où je t'ai donné la robe en soie toute neuve et où je t'ai fait promettre de revenir. Ah ! dis-moi, Aziz, la cause qui t'a retenu si longtemps loin de moi !» Alors moi, ô prince Diadème, naïvement je lui racontai en détail toute mon aventure, et mon mariage avec l'adolescente. Puis je lui dis : «D'ailleurs, je dois te prévenir que je n'ai que cette seule nuit à passer avec toi, car avant le matin je dois être de retour chez mon épouse, qui m'a fait prêter serment sur les trois choses saintes !» Lorsque la jeune femme eut appris que j'étais marié, elle pâlit, puis resta immobile d'indignation ; et elle put enfin s'écrier : «Misérable ! J'ai été la première à te connaître et tu ne m'accordes même pas une nuit entière ni à ta mère non plus ! T'imagines-tu donc que je sois aussi douée de patience que l'admirable Aziza — qu'Allah l'ait en Sa miséricorde ! Et penses-tu que moi aussi je vais me laisser mourir de chagrin pour tes infidélités ! Ah perfide Aziz ! Maintenant nul ne te sauvera de mes mains. Et je n'ai plus aucune raison de t'épargner, puisque tu n'es plus bon à rien, toi qui as maintenant une épouse et un enfant. Car moi, les hommes mariés, je les ai en horreur ; et je ne me délecte qu'avec les célibataires. Par Allah ! Désormais tu ne peux plus me servir ; tu n'es plus mien ; et je ne veux pas non plus que tu appartiennes à qui que ce soit ! Attends un peu !» A ces paroles dites d'un accent terrible, tandis que les yeux de la jeune femme me perforaient déjà, je fus pris d'une certaine appréhension de ce qui allait m'arriver. Car soudain, avant que j'eusse le temps de la réflexion, dix jeunes esclaves femmes, plus solides que des nègres, se précipitèrent sur moi et me jetèrent à terre et m'immobilisèrent. Alors elle se leva et prit un coutelas effroyable et me dit : «Nous allons t'égorger comme on égorge les boucs trop salaces ! Et je vais ainsi me venger et venger, par la même occasion, la pauvre Aziza dont tu as fait éclater le foie de chagrin rentré ! Aziz, tu vas mourir, fais ton acte de croyant !» Et, en me disant ces paroles, elle appuyait son genou sur mon front cependant que ses esclaves ne me permettaient même pas de respirer. Aussi je n'eus plus aucun doute sur ma mort, surtout... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint la nuit, elle reprit son récit. Elle dit : Aussi je n'eus plus aucun doute sur ma mort, surtout lorsque je vis les manœuvres exécutées par les esclaves sur mon individu. En effet, deux d'entre elles s'assirent sur mon ventre, deux me tinrent les pieds et deux autres s'assirent sur mes genoux. Alors, elle-même se leva et, aidée de deux autres esclaves, se mit à me donner sur la plante des pieds tant de coups de bâton que je m'évanouis de douleur. Elles durent alors prendre du répit, car je revins à moi et je criai : «Je préfère mille fois la mort à ces tortures !» Alors elle, comme pour me faire plaisir, reprit l'effroyable coutelas et l'aiguisa sur sa pantoufle et dit aux esclaves : «Tendez-lui la peau du cou !» A ce moment précis, Allah me fit me remémorer soudain les paroles dernières d'Aziza et je m'écriai : «Que la mort est douce et préférable à la trahison !» A ces paroles, elle jeta un grand cri d'effarement, puis elle cIama : «Qu'Allah ait pitié de ton âme, ô Aziza ! Tu viens de sauver d'une mort sans recours le fils de ton oncle !» (à suivre...)