Résumé de la 4e partie n Le docteur Limiti tente de retarder l'intervention chirurgicale prévue pour le lendemain matin. Ensuite, il appelle un de ses amis, lieutenant de police. «Qu'est-ce qu'il y a ? On dirait que vous venez de marcher sur la lune ! — Alexandre, il faut que je vous voie maintenant. Pas une seconde à perdre. Pas chez vous, et pas chez moi. Vous connaissez l'adresse de mon beau-frère ? — Oui. On n'a pas le temps de parler avant ? — Non. S'il vous plaît… Nous n'aurons qu'un quart d'heure, une demi-heure au maximum. — J'arrive.» Clic. Le téléphone noir redevient silencieux. Objet inanimé. Mais toujours menaçant. Il faut le quitter, s'absenter pour agir. Et c'est affreux pour le père de rompre le seul lien qui le relie à son fils. Enzo Limiti attrape son pardessus et file au garage. La maison est encore plus déserte, meublée de tous ces objets en attente. Les jouets de Jiji dans la chambre, son lit, le robot sur la commode. Son peignoir minuscule dans la salle de bains, tout bleu, avec un lapin brodé dessus, accroché entre le rose de sa mère et le blanc de son père. Et le téléphone noir, muet, silencieux sur le bureau. Qui attend son heure. Enzo Limiti est arrivé chez son beau-frère deux minutes avant le lieutenant, qui écoute, attentif, sans poser de questions, l'exposé de la situation. Puis il remarque : «J'admire votre présence d'esprit. Le plus important était de gagner du temps, en effet. — J'ai fait en sorte que la décision de retarder l'opération vienne de Doug, de la direction elle-même, mais j'ai l'impression que le kidnappeur est au courant de ce qui se passe dans l'hôpital. — Il y aurait travaillé ? — Pas l'air d'un toubib. D'un infirmier non plus. A mon avis, il n'appartient pas au corps médical, ni de près ni de loin, mais il est renseigné par quelqu'un qui travaille avec nous. — Renseignement précieux. Quoi d'autre ? — Rien, sinon que ce type est fou. — Tous les kidnappeurs sont un peu fous. Il n'a pas dit pourquoi il voulait la mort d'Hamilton ? — Je n'ai pas pensé une seconde à le demander. C'est idiot. — Il n'aurait pas forcément répondu, mais s'il rappelle, et il va rappeler, essayez de lui tirer les vers du nez là-dessus. Retenez-le au maximum évidemment. — Ça ne marchera pas. Il change de cabine. Il a appelé déjà trois fois, et ça n'a pas duré plus de deux minutes à chaque fois. — Essayez quand même, c'est parfois une question de seconde pour repérer un appel, ou localiser au moins un quartier. Moi, je vais voir les fiches du personnel à l'hôpital. — Et si vous ne trouvez rien ? — Il faudra repousser l'opération à nouveau. — On ne peut pas le faire indéfiniment... Quelle raison invoquer ? Auprès du malade, du personnel surtout ? — Il faudra en trouver une, docteur... n'importe quoi, s'il le faut, vous serez renversé par une voiture au dernier moment... Okay ? — Okay. — Rentrez chez vous.» New York, la nuit. Des milliards de lumières, des milliards de zones d'ombre. Jiji est là quelque part. La voiture du docteur Limiti retrouve son garage. Il est dans l'ascenseur, dans le couloir, il ouvre la porte de l'appartement désert, où trône le téléphone noir. Muet. (à suivre...)