Résumé de la 6e partie n L'intervention chirurgicale de Brice Hamilton a été remise, ce qui rend le ravisseur de Jiji furieux. Il appelle de nouveau le docteur Limiti, le menaçant de noyer son fils. Clic. L'appareil noir devient inutile. Le docteur Enzo Limiti n'a plus de délais. L'hôpital a programmé l'opération pour demain matin. Il doit se reposer, dormir, se contrôler, se relaxer. Demain sera le jour le plus difficile de sa vie. Le plus long. Celui qu'il n'oubliera jamais. La petite voix de Jiji résonne encore à son oreille : «Il a dit que c'est la dernière fois, tu es là, papa ? — C'est toi, mon chéri ?» Ludmilla appelle de Chicago. Elle ignore tout. Ce maudit téléphone se mêle à nouveau de la vie des gens. «Tout va bien ? Je n'ai pas pu appeler hier soir, il était trop tard… Comment va Jiji ? — Bien, tout va bien... Pardonne-moi, chérie, je suis en retard ce matin... — Tu es sûr que ça va ? Tu as l'air enrhumé ? — Un peu, rien de grave... Ludmilla ? Ecoute, j'ai un travail fou jusqu'à demain soir... et un remplacement cette nuit... — Encore ? — On se rappelle demain soir, d'accord ? Il faut que j'y aille... Je t'embrasse.» Clic. On se rappelle demain soir. Comment sera la vie demain soir ? Le docteur Limiti avale un comprimé : un verre d'eau. Il s'allonge. Il doit être calme, il le faut jusqu'à demain matin. Et demain matin aussi. Il répète dans sa tête les gestes, les produits. Il doit réussir. Tout doit être parfait. Insoupçonnable. Un jeu dangereux. Jeudi matin. Huit heures. Brice Hamilton est amené sur une civière dans la salle d'opération. Le docteur Enzo Limiti, en blouse verte, calotte verte, prend la tension du malade. Trois électrodes reliées à l'électrocardiogramme ont été placées la veille, l'une dans le dos du malade, les deux autres sur sa poitrine. Tout est prêt, le chirurgien attend, les mains tendues devant lui, dans les gants de plastique si fins que l'on voit au travers les poils sur les phalanges. Les assistants se taisent. L'anesthésiste se met au travail avec précision, calme et rapidité. Le patient est déjà à moitié endormi par une prémédication. Qui est ce Brice Hamilton ? On le dit très riche. Il a des hôtels un peu partout dans le pays, mais ici tout le monde s'en moque. Ici ce n'est qu'un homme velu et gras, à la chair blanche sur une ossature de bûcheron, massive. Un corps qu'il faut opérer à cœur ouvert, d'une valvule mitrale déficiente. C'est tout. Une question de technique et d'efficacité. Dans la salle d'opération silencieuse, on n'entend que le bruit des appareils et des instruments qui s'entrechoquent. Les objets, les outils du progrès médical. La pointe de la recherche. Enzo Limiti prend une seringue intraveineuse de Penthiobarbital, applique un masque à oxygène, plus oxyde nitreux, plus fluotane. Le masque est relié à l'appareil d'anesthésie par un tube de caoutchouc noir et flexible. Enzo Limiti prend une autre seringue, emplie de Flaxedil, une drogue paralysante. Une seringue est un objet inquiétant, un objet de vie ou de mort. Le docteur Limiti introduit la seringue dans la même veine utilisée pour le Penthiobarbital. Il injecte. (à suivre...)