Traumatismes n Quand un enfant palestinien d'Hébron en Cisjordanie dessine sa ville, cela donne : des rangées de maisons, des oliveraies et une zone entourée de barbelés. Depuis la guerre au Liban, les murs se sont multipliés dans la vieille ville, outre celui qu'Israël construit autour de la Cisjordanie, escomptant qu'il renforcera la sécurité. Mais il n'empêche pas la violence. Problème récurrent à Hébron en cette période de relative accalmie de l'Intifada : le harcèlement constant des colons envers les Palestiniens. Quelque 500 colons jusqu'au-boutistes vivent en plein centre-ville, le long d'une artère qui traverse le vieux souk. Depuis la guerre au Liban, l'armée a bloqué toutes les rues menant à ce quartier, avec des murs, des barbelés ou des barrages. «Les enfants qui vont à l'école, mettent 45 minutes au lieu de 5 car ils doivent contourner la zone, et les colons leur jettent des pierres depuis leurs balcons, ou les attendent à la sortie de l'école pour les brutaliser», affirme la responsable de MSF. D'autres murs encore traversent le district d'Hébron. «Sur la route entre Karmel et Khirbat Zanuta (25 km), les Israéliens ont érigé un mur de 60 cm, assez haut pour empêcher les bédouins d'aller vendre leurs bêtes au marché voisin ou de se rendre en voiture à l'hôpital le plus proche», explique la dirigeante de MSF. L'unique point de passage sur ce minimur est fermé depuis la guerre au Liban. Autour du Tombeau des Patriarches, lieu saint pour les juifs et les musulmans, barrages et barbelés foisonnent. Les fidèles doivent franchir trois portails électroniques pour entrer dans l'antique mosquée. «La vie est difficile, il y a trop de barrages, les soldats israéliens nous arrêtent tous les jours pour contrôler notre identité, ils ont blessé mon frère il y a un an», raconte ce jeune mitron. «Ils nous haïssent. Ce sont des colons, nous sommes ennemis», résume-t-il. La porte-parole de la mission internationale d'observation présente à Hébron depuis le massacre, confirme : «Tous les jours, nous observons des incidents violents, un bon nombre lié au harcèlement par les colons, sans réaction des soldats israéliens.» Le groupe de bâtiments modernes, largement financés par des dons d'organisations juives américaines, est planté au milieu d'une zone désertée, délabrée, entourée de barbelés et de soldats : l'autre moitié du vieux souk. Une grande pancarte proclame en hébreu et en anglais à l'entrée : «Cette terre a été volée par les Arabes après le meurtre de 67 juifs d'Hébron en 1929. Nous demandons justice ! Rendez-nous nos biens !»