Oisiveté n Constituée en majorité de jeunes, la population d'Ouled Mendil souffre, à l'instar des autres régions du pays, du chômage. Dans cette localité sont pourtant implantées de grosses entreprises industrielles, comme l'usine de farine Maquama, la fromagerie, les dépôts de matériaux de construction et la torréfaction Boukhari, mais ses habitants n'en profitent pas. «Les autorités locales empochent l'argent des impôts et ne cherchent même pas à exiger des patrons de ces boîtes des quotas de postes d'emploi pour les jeunes d'Ouled Mendil. C'est injuste !», souligne Yacine, diplômé en électronique. Pour travailler, les habitants de ce douar sont contraints d'aller dans les localités avoisinantes comme Birtouta, Tessala El-Merdja, Khraïcia et Blida. Une dizaine de jeunes ont choisi d'intégrer le corps de la Garde communale. «La meilleure façon pour garantir un poste d'emploi permanent», raconte Farid, 33 ans, qui a rejoint ce corps depuis 1996. Ayant, pour beaucoup, des petits lopins de terre, les habitants d'Ouled Mendil y cultivent des légumes de saison qu'ils écoulent sur les marchés de Douéra et de Boufarik. D'autres, plus débrouillards, descendent dans les villes proches pour vendre des marchandises diverses : vêtements, bétail, fruits, portables… Pour les sexagénaires retraités, c'est le repos total. «Nous avons des familles nombreuses, nous voulons bien travailler pour aider nos enfants, mais comment pouvons-nous le faire sachant que le transport est quasi inexistant ? J'aimerais bien vendre des cigarettes à Douéra, mais j'ai peur de ne pas trouver un moyen de transport pour rentrer chez moi le soir», souligne un vieux retraité, père de 7 enfants. Comment vivre, alors ? «Nous vivons au jour le jour. N'était l'argent des retraites de nos parents, nous serions morts de faim», souligne Rabah, 27 ans, un chômeur non diplômé. Un autre chômeur, Ali, 36 ans, père de 3 enfants, tient une table de cigarettes abritée par un parasol usé par un soleil de plomb, devant un café quasi désert durant toute la journée, «pour la seule raison que les jeunes clients n'ont pas de quoi s'offrir un café ou une boisson fraîche», selon le propriétaire. Rachid nous montre un petit carnet où sont notées des petites sommes de crédit ne dépassant pas, pour les plus salées, les… 100 DA ! Sur la petite vitrine, quelques paquets de cigarette locales, Rym, Nassim et une dizaine de boîtes de chique (chemma). Ali, lui aussi, a des crédits importants auprès de ses clients. «C'est la seule solution pour que je puisse travailler. Je fais crédit et j'attends que ces jeunes fassent leur ‘afsa' (terme utilisé par les jeunes et qui désigne un petit boulot qui leur garantit une certaine somme d'argent) pour me payer.»