Situation n Les Palestiniens de la bande de Gaza vivent dans des «conditions misérables et dangereuses». C'est ce qu'a affirmé John Ging, le directeur de l'agence des Nations unies pour les secours aux réfugiés de Palestine (Unrwa) dans le territoire après six mois de crise politique et financière. «Chaque jour semble être pire que le précédent. La vie dans la bande de Gaza est misérable et dangereuse. Les perspectives sont très sombres car nous n'avons vu, depuis six mois, qu'une détérioration de la situation», a-t-il ajouté. «Tous les éléments d'une existence civilisée s'effondrent : il y a un manque de nourriture, pas d'électricité, pas de salaires, les services publics sont en pleine déliquescence. Mais plus encore, il y a un sentiment d'emprisonnement» avec le bouclage du territoire, a-t-il encore dit. La population de la bande de Gaza, le territoire le plus densément peuplé du monde avec ses 1,4 million d'habitants, pâtit de la crise politique et financière qui sévit depuis le mois de mars, date de l'entrée en fonction du gouvernement du mouvement Hamas. Les salaires des dizaines de milliers de fonctionnaires n'ont pas été versés, ou que très partiellement, depuis six mois. Selon M. Ging, 100 000 personnes sont venues rallonger les listes des bénéficiaires de l'aide alimentaire de l'Unrwa, qui comptent aujourd'hui 830 000 Palestiniens dans la bande de Gaza. La situation humanitaire dans le territoire s'est encore aggravée avec le lancement d'une opération militaire israélienne, fin juin, pour retrouver le soldat israélien enlevé par des groupes armés palestiniens. L'armée israélienne a notamment bombardé la principale centrale électrique, provoquant des rationnements d'électricité et d'eau. Les habitants de Gaza ne reçoivent qu'entre six et huit heures d'électricité par jour et «pour beaucoup de familles vivant dans des zones urbaines deux à trois heures d'eau», selon un récent rapport de l'ONU. Les dégâts infligés aux systèmes d'adduction d'eau et une baisse de la qualité de l'alimentation ont provoqué une augmentation des cas de diarrhée chez les enfants, ajoute l'ONU. «Les gens ne meurent pas de faim ici, comme dans certains pays du monde, mais leurs conditions sont parmi les plus difficiles», ajoute John Ging. «Ils vivent grâce à la solidarité (familiale), aux crédits chez les commerçants. Certains subsistent avec très peu, mais il existe un point de rupture», explique le chef de l'Unrwa. Plus grave est le bouclage par Israël de la bande de Gaza. «Les fermetures des points de passage ont détruit l'économie et les perspectives d'un futur paisible» Et M. Ging met en en garde : «Comme l'a dit Jan Egeland (le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU), Gaza est une bombe à retardement. Chacun devrait entendre son tic-tac. Nous allons vers une explosion sociale.»