Coutume n La cérémonie se déroule dans un climat de religiosité. La musique et la danse ne sont pas de mise. Une fête particulière. Dans une ambiance familiale, très conviviale et surtout religieuse, les habitants du quartier se rassemblent au domicile de celui qui s'apprête à enterrer sa vie de garçon. Dès le coucher du soleil, des groupes d'hommes arrivent et prennent place sur des tapis traditionnels. En attendant le couscous, ils se racontent des histoires de la vie quotidienne ou insolites et parfois amusantes. «Aujourd'hui nous sommes chez Mounir, demain nous serons chez Abdallah et ensuite chez Mohamed… Les mariages ne manquent pas, cette année», lance un sexagénaire. «Tu te souviens Omar, le premier mariage de l'année passée s'est déroulée durant la dernière semaine du mois de juin, juste à côté. Allah idaouam el-afrah (que Dieu pérennise les joies)», répond un autre vieux. Les autres lèvent les mains au ciel, psalmodiant «Amine ya Rebb el-âalamine». Le repas n'est pas encore servi et les discussions prennent une autre allure. Les jeunes préparent le thé qu'ils servent à l'assistance. Les thermos et les verres sont placés juste à l'entrée du domicile pour que ceux qui tardent à venir puissent se servir sans déranger les autres. Une fois les sages du quartier arrivés, des jeunes commencent à servir le couscous. Ils posent de gros plats par terre autour desquels se mettent trois, quatre ou même dix personnes. Il est 21h, c'est le moment d'une prière collective, avant une petite pause de quelques minutes. Le jeune marié n'est pas encore là. Place à la récitation du Coran. Sept vieux, vêtus de qamis, de serouel loubia et coiffés de chéchias blanches, se mettent dans un coin. Le plus âgé d'entre eux, un microphone à la main, commence à réciter des versets que les autres reprennent en chœur. Le haut-parleur est placé de telle façon que tous les habitants du quartier soient informés de l'événement. «C'est aussi une manière de les inviter», nous explique le serveur de thé. A 22h, le marié, dont l'apparition est tant attendue, arrive avec une valise noire et prend place sur le fauteuil qui lui est réservé. C'est le moment des chants religieux accompagnés des percussions du tambour traditionnel. Là, tout le monde participe. Même les jeunes et les gamins maîtrisent ces chants qui, selon les sages de la région, remontent à de longues années, avec quelques modifications parfois insignifiantes. Ces chants durent plus d'une heure, avant «la cérémonie officielle» où l'on pare le nouveau marié des habits qu'il a apportés dans la valise noire. Il est le prince du jour. Il porte des chaussures blanches et un large pantalon, blanc également ; ses moustaches sont soigneusement taillées, sa barbe rasée. Les chants religieux reprennent. Quelques minutes plus tard, l'imam, assis entre le marié et un représentant de la famille de son épouse, récite la Fatiha. Ensuite, l'imam se lève et remet le qamis jaune, la chéchia blanche et la couronne au marié. La cérémonie prend fin vers minuit par des accolades entre les présents et le «prince». Chez la famille de la mariée se déroule presque la même cérémonie, avec quelques aspects spécifiques aux femmes. Ici, les traditions empêchent la mixité dans les fêtes. Le lendemain, au coucher du soleil, le cortège se dirigera vers Hadhirat El-Moustadjab, un monument religieux classé patrimoine national, pour des prières de bonheur et de longue vie au nouveau couple. Les citoyens de la région, même ceux qui ne sont pas invités, se présentent sur les lieux pour prendre part à l'ultime étape de la fête. Le cortège fait une tournée dans les principales artères de la ville avant de rejoindre le domicile du nouveau marié.