D'habitude éclairé par les braises ardentes des barbecues, le célèbre boulevard des «chouwayine» de Draria vit, depuis quelques jours, au rythme des nuits tumultueuses du Panaf. Pleins feux sur le boulevard central de Draria qui sort superbement de sa routine. En plein cœur de cette avenue réputée et face à ses fameuses rôtisseries et grill-rooms, une scène artistique a été admirablement érigée pour la circonstance. Place à la fête. Pour une fois, ce ne sont pas les grillades qui ont attiré la foule, mais plutôt l'art dans toutes ses formes. Une ambiance bien particulière a marqué cette soirée de mardi dernier. Un important dispositif est mis en place pour assurer la sécurité. Dès 22 heures, le chanteur chaabi Sid Ali Dziri et plusieurs troupes folkloriques originaires de Oum El Bouaghi, Ouargla, Tamanrasset, Béchar et Adrar défilent. Ils mettent le feu à la scène et enflamment le public, ravi de profiter de moments uniques. Un ouragan sonore emporte formidablement les spectateurs qui se laissent volontiers bercer par la musique et les sons percutants. Remarquable prestation de Sid Ali Dziri. L'artiste reprend des célèbres et inoubliables chansons populaires qui rappellent le bon vieux temps. Il n'en fallait pas plus pour déclencher des réactions en chaîne. La placette s'embrase. Les habitants de Draria se mêlent au Panaf, véritable célébration de la vie et de la richesse du continent africain qui a l'art de ressusciter la joie de vivre même chez les plus maussades et les plus réticents. La fête attire une foule de monde, des familles et des jeunes s'agglutinent tout autour de la plaçette. Les badauds qui passent par là n'hésitent pas à marquer une halte attirés par les sons qui fusent de la scène. Le spectacle illumine les lieux et enchante même les familles qui ont la chance d'avoir une vue à partir de leurs balcons ou de leurs fenêtres. Pour celles-ci, cet événement musical n'est pas seulement gratuit mais se déroule presque à domicile. Des automobilistes prennent part à la fête et suivent à partir de leurs véhicules le spectacle. Pas question de rater une manifestation pas si coutumière. Musique, danse, sécurité, une bonne ambiance… tous les ingrédients pour faire de cet événement une véritable fête et un hymne à la vie. En somme, la folle ambiance du Panaf a vite fait d'investir la rue. Depuis le début du 2e Festival panafricain d'Alger, les soirées démarrent sur les coups de 22 heures pour se poursuivre au-delà de minuit. Evénement tant attendu par les Algériens, le Panaf 2009 revient 40 ans après pour semer la gaieté, notamment dans les différents quartiers d'Alger et d'ailleurs. C'est le cas à Draria. Le boulevard central a pris des allures peu communes. C'est dire, que pour une fois dans cette commune très connue pour ses rôtisseries, l'appel du «ventre» a été éclipsé par celui de la «culture». Et ce n'est pas pour déplaire aux habitants de Draria qui n'attendaient que l'occasion de se défouler et de se détendre après une chaude et dure journée d'été. A. B.