Planquées un peu partout dans le monde, les prisons secrètes de la CIA existent et continuent toujours d'opérer avec la complicité des gouvernements européens. Le président américain a admis que des suspects avaient été interrogés en dehors des Etats-Unis. Le président américain a expliqué pour la première fois que les services secrets américains détenaient et interrogeaient des membres importants d'Al Qaïda dans des prisons secrètes à l'étranger et qu'ils avaient l'intention de continuer, malgré la réprobation internationale. Chargé par le Conseil de l'Europe d'enquêter sur des prisons secrètes de la CIA, le sénateur suisse Dick Marty réagit aux aveux de George W. Bush. Il souhaite que les pays européens disent toute la vérité sur ce dossier. A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge a indiqué qu'il aurait accès « dans les prochains jours » à 14 hommes. George W. Bush a confirmé que ces hommes-là ont été transférés à Guantanamo Bay après leur détention dans des prisons secrètes à l'étranger. Dans un rapport publié en juin 2006, l'enquêteur suisse du Conseil de l'Europe affirmait que 14 pays européens avaient collaboré avec la CIA à un réseau d'abus des droits humains. D'autres pays, dont le Maroc et l'Egypte, auraient, quant à eux, été impliqués activement dans la détention ou le transfert de terroristes présumés. Les aveux du président américain confirment les thèses du député suisse Dick Marty, qui exige désormais de savoir où sont situés ces lieux secrets de détention. « Le fait que l'administration Bush admette enfin qu'elle a détenu et interrogé des prisonniers de manière musclée en dehors des Etats-Unis est un motif supplémentaire urgent qui doit pousser les gouvernements européens à faire leur devoir et à établir ce qui s'est réellement passé sur leur territoire. Nous sommes encore bien loin de savoir toute la vérité », affirme le sénateur suisse. Dick Marty va devoir maintenir la pression. « Ces premiers aveux n'ont été arrachés que grâce au travail remarquable d'organisations non gouvernementales et de journalistes d'investigation américains. Sans oublier le rôle prépondérant du pouvoir judiciaire américain qui a pris des décisions importantes pour toute la société civile », dit-il. Le député suisse souligne au passage tous les pays où des indices plus que concrets montrent que l'espace aérien, les aéroports ou d'autres infrastructures ont été mis à contribution pour ce système secret de détentions. Dans cette affaire, comme pour ce qui concerne la guerre en Irak, de nombreux mensonges ont été racontés. « Nous devons désormais être très stricts dans nos demandes d'informations », déclare le sénateur suisse. Jusqu'à présent, Dick Marty avait à sa disposition un jeune assistant. Son contrat ne devrait pas être renouvelé par le Conseil de l'Europe pour des raisons bureaucratiques. « Je trouve cela grotesque. En particulier si l'on considère l'importance de cette tâche », proteste-t-il. Qui a intérêt à étouffer le travail de Dick Marty ? Pourquoi l'Europe joue l'autruche dans ce dossier ? Questions ouvertes.