L'association britannique de défense de prisonniers, Reprieve, a annoncé hier qu'elle allait poursuivre en justice le gouvernement britannique au sujet de la remise en 2004 aux forces américaines de deux terroristes présumés transférés par la suite en Afghanistan. Reprieve entend obtenir du gouvernement britannique qu'il rende publics les noms de ces deux hommes, capturés par les Britanniques en Irak en février 2004 et remis aux Américains, avant d'être transférés sur la base aérienne de Bagram, en Afghanistan. Disposer de leur identité permettrait à Reprieve de présenter leur dossier devant un tribunal pour déterminer si leur détention est légale ou non. L'association pense que les deux hommes sont Pakistanais et se prénomment Salah el Din et Saifullah. Mais ces éléments ne sont pas suffisants pour les identifier complètement et retrouver leur famille. Le cabinet d'avocats Leigh Day and Co, oeuvrant pour Reprieve, a estimé dans une lettre au ministre britannique de la Défense, Bob Ainsworth, que les deux captifs «pourraient bien avoir été torturés ou soumis à des traitements cruels, inhumains ou dégradants». La Grande-Bretagne avait admis en février les avoir capturés en Irak et remis à des agents américains, qui les ont transférés en Afghanistan pour les interroger. Avant cet aveu, Londres avait toujours assuré ne pas être impliqué dans le scandale des vols et des prisons secrètes de la CIA à l'étranger. John Hutton, qui était alors ministre de la Défense, avait déclaré devant la chambre des Communes qu'ils étaient tous les deux membres du groupe islamiste pakistanais Lashkar-e-Taïba, proche du réseau d'Al-Qaîda et soupçonné d'avoir mené les attaques de novembre 2008 à Bombay (Inde), qui avaient fait 174 morts. Les autorités britanniques ont le «devoir urgent, moral mais aussi légal, de réparer les torts» causés aux deux détenus, a estimé hier le directeur de Reprieve, Clive Stafford Smith. Le ministère de la Défense a répondu qu'il examinait le dossier, tout en soulignant: «Ces individus sont sous la garde du gouvernement américain». «Nous n'avons aucune raison de croire que les accusations non étayées de Reprieve sur leur état sont exactes.»