Plus de 1000 vols directement liés à la CIA, ont été recensés dont l'un s'est arrêté plus de 100 fois à Guantanamo. Un autre scandale éclabousse l'administration Bush déjà fragilisée par son impopularité qui a atteint, selon les sondages, un seuil rarement enregistré dans l'histoire des présidents américains. Un rapport rendu public hier, par Amnesty international sous le titre USA au-dessous du radar: les vols secrets pour la torture et les disparitions, fournit de nouvelles informations sur le transfert illégal de personnes dans des prisons secrètes de la Central Intelligence Agency (CIA, Services de renseignements). Le rapport dénonce une opération secrète qui a consisté à arrêter ou enlever des personnes pour ensuite les transférer et les détenir de façon secrète. Selon le rapport, les personnes arrêtées sont ensuite envoyées dans des pays où elles sont soumises à des actes de torture et à d'autres mauvais traitements. Selon Amnesty International, l'une des principales victimes est le citoyen allemand Mohamed Zammar. Disparu au Maroc en 2001, Zammar aurait été conduit en Syrie à bord du Gulfstream Vdjet N 379 P de la CIA. Le document montre également que la CIA a utilisé des compagnies d'aviation privées et des sociétés écrans pour garder le secret sur ces vols. Des pratiques en matière d'aviation qui lui permettent de ne pas déclarer des vols aux autorités aériennes. Le document présente, par ailleurs, la liste de dizaines de destinations à travers le monde où des avions ont atterri et décollé, et de compagnies d'aviation privées dont les avions ont été autorisés à, atterrir sur des bases militaires américaines dans le monde entier. L'ONG a recensé près de 1000 vols directement liés à la CIA, dont la plupart ont utilisé l'espace aérien européen. Le rapport donne des précisions sur des destinations et des propriétaires d'avions utilisés pour transporter des personnes qui ont fait l'objet d'un transfert illégal, et qui ont pu être interrogées par Amnesty International. Ainsi, on sait qu'un certain avion s'est arrêté plus de 100 fois à Guantanamo. Un autre a emmené Abou Omar d'Allemagne en Egypte après son enlèvement en Italie. Les propriétaires de cet aéronef ont admis l'avoir loué à la CIA, mais ils ont précisé qu'il n'est pas utilisé exclusivement par ce service. On dénombre, entre février 2001 et juillet 2005, 488 atterrissages ou décollages en rapport avec de tels agissements. La plupart de ces vols ont été assurés par des avions qui sont manifestement utilisés de manière permanente par la CIA par l'intermédiaire de sociétés écrans. De plus, 600 autres vols ont été opérés par des avions dont il a été vérifié qu'ils ont été utilisés au moins de temps à autre par la CIA. Le rapport, qui décrit également les conditions dans lesquelles les victimes sont détenues, a analysé les plans de vol des aéronefs affrétés par la CIA entre 2001 et 2005. Amnesty international réitère son appel aux Etats membres de l'UE à s'assurer que leurs aéroports et espaces aériens ne soient pas utilisés pour soutenir ou faciliter ces transferts. Cette affaire de vols secrets de la CIA ne date pas d'aujourd'hui. En décembre 2005 Amnesty International a révélé que six avions utilisés par la CIA ont effectué quelque 800 vols à destination ou au départ de l'espace aérien européen, dont 50 atterrissages à l'aéroport de Shannon, en Irlande. L'aéroport de Shannon est utilisé comme point de ravitaillement en carburant par l'armée américaine, Amnesty International a obtenu des enregistrements de vols pour six avions affrétés par la CIA, de septembre 2001 à septembre 2005. Selon l'Administration fédérale de l'aviation des Etats-Unis, au cours de cette période, ces avions ont atterri 50 fois à Shannon et en ont décollé 35 fois. Aucun des avions concernés n'était un appareil de transport militaire. Au total, sur cette période, six avions ont effectué quelque 800 vols au départ ou à destination de l'Europe.