Avocat, ministre et député ne suffisent plus pour garnir la carte de visite de Ali Benflis. Il veut désormais devenir président. Ses détracteurs ne sont pas de cet avis. Même lorsqu?ils sont tendres avec lui, ils lui rappellent son échec à Batna, lors des élections législatives de 1991, face à un candidat de l?ex-FIS. Mais l?homme est patient et surtout imprévisible. Venu tardivement au FLN, il ne dédaigne pas se tapir dans l?ombre avant de saisir les occasions qui s?offrent à lui pour assurer son ascension. Il a, en effet, accompagné le président Bouteflika pendant quatre années entières avant de découvrir que le président élu n?est plus l?homme idéal pour sortir de la crise. Benflis n?hésite pas alors à se lancer dans la course à la présidentielle avant tous ses concurrents potentiels, au risque de traîner l?accusation d?un individu qui est prêt à tout sacrifier pour sa carrière. Pourtant, rien ou presque ne le prédestinait à ce parcours. Il s?est, certes, illustré dans le domaine de la défense des droits de l?Homme puis il s?est enrôlé dans la préparation et la concrétisation du contrat de Rome avec son ennemi d?aujourd?hui Abdelaziz Belkhadem. Ce dernier lui reproche d?avoir abandonné cet idéal et d?avoir épousé les thèses des éradicateurs. Benflis enfourche aussi un autre cheval de bataille en misant sur le rajeunissement du parti et la rupture avec la vieille garde. Ces trois actions, en plus de son opposition à Bouteflika, ont fini par lui attirer beaucoup de problèmes allant même jusqu?au risque d?invalider le 8e congrès et le congrès extraordinaire qui l?a désigné candidat aux élections. Benflis doit, en tout cas, s?atteler dès à présent à confectionner son programme car il ne peut continuer longtemps à se concentrer exclusivement sur la critique du bilan de Bouteflika, car ayant été partie prenante de son programme quatre années durant. Conscient de cela, Benflis fait son mea culpa et promet d?arrimer définitivement le parti au courant démocratique pour mieux se distinguer des tendances «autoritaires» de Bouteflika comme se plaisent à répéter ses amis. En tout cas, une chose est sûre : Benflis a commencé à perdre son sang-froid, hérité de ses années dans les prétoires, et tente d?avoir un ton plus agressif, car pour lui, le temps des politesses est révolu.