Mémoire n Ce livre, très fouillé, raconte les horreurs infligées aux Algériens pendant la colonisation. Vient de paraître aux éditions Alpha, un ouvrage écrit par Amar Belkhodja, et qui traite des effets de la colonisation en Algérie. Colonialisme, les crimes impunis retrace, avec témoignage à l'appui, les crimes commis par l'administration coloniale et qui, pour nombre d'entre eux, restent méconnus par beaucoup d'entre nous, notamment les nouvelles générations, voire oubliés de l'Histoire. Ainsi, l'auteur, soucieux de rendre justice aux victimes, de révéler des vérités longtemps occultées ne serait-ce que par le biais de l'écriture, dénonce dans un moment où la colonisation est glorifiée, où le vocable de colonisation – ironiquement – revêt, dans Le Petit Robert, le sens d'un fait, d'une action ayant pour objectif de civiliser les populations autochtones, des attitudes abominables et des agissements répréhensibles qui étaient commis à l'encontre d'une population dite péjorativement indigène, parce qu'elle était algérienne et musulmane. Ce livre, très fouillé, raconte ces quelques horreurs infligées aux Algériens, à savoir les morts de la prison de Zéralda en 1942, la tuerie de Deschamps en avril 1948, les tristes exploits des légionnaires de Mascara d'avril 1949. Il raconte également le douar martyr de Sidi Ali Bounab en octobre 1949, les sanglantes agressions d'El-Asnam de mai 1952 ainsi que les répressions du mouvement ouvrier à Oran du 1er mai 1952 et les émeutes populaires de Nedroma en octobre 1953. Dans le dernier chapitre du livre intitulé «Colonialisme et racisme», l'auteur aborde, textes à l'appui, une sorte de traité, le sens véritable de la colonisation, un fait raciste. Il la qualifie d'apartheid. Colonialisme, les crimes impunis se veut non seulement un acte de dénonciation ou encore un contre-discours venant désavouer le mot colonisation – une attitude tant glorifiée par les partisans du colonialisme – et lui faire perdre toute sa crédibilité, mais également, et surtout, un document historique, une référence à cette période de notre histoire, nous les Algériens, qui fut triste et tragique. Un drame humanitaire. Un génocide culturel. Une chosification de l'individu. Une dépersonnalisation d'une société qui a perdu une grande partie de ses repères identitaires. Ce livre est érigé en fait contre l'oubli.