Calvaire n Samia se remémore les moments d'angoisse qu'elle a traversés, avec sa famille, qui a failli être jetée dehors. «Il était impossible de retourner chez ma belle-famille et encore moins dans ma famille, car leur situation n'était pas meilleure.» Un bébé de quelques jours est plongé dans un sommeil profond. Il s'agit de la petite Douaâ, âgée de 26 jours. Elle a vu le jour dans cette petite et unique pièce. Sa maman, Samia, raconte sa galère. «J'habite la terrasse depuis 1989, mon fils aîné, âgé actuellement de 22 ans, avait à peine quatre ans et ma cadette, âgée de 18 ans, avait trois mois.» Depuis, le couple a eu deux autres enfants, Douaâ, la benjamine, et un garçon âgé de 11 ans. Elle poursuit : «J'ai cohabité durant sept ans avec ma belle-famille. D'ailleurs, suite aux problèmes de cohabitation, mon mari a décidé de nous installer sur la terrasse. Vous voyez bien qu'il s'agit d'une pièce et une cuisine aménagée dans un coin. Pour accéder à la terrasse, nous passons par cette fenêtre. Il n'y a pas de porte qui donne sur la grande terrasse. Nous n'avons effectué aucune transformation, à l'exception du mur qui sépare la pièce de la cuisine et nous avons rajouté des plaques d'éternit en guise de toit car la buanderie n'était pas totalement couverte, une bonne partie ne l'était pas.» La quiétude de Samia et sa petite famille ne dura pas longtemps, puisque les autorités locales ont demandé, trois ou quatre ans plus tard, à la petite famille d'évacuer les lieux. Samia se remémore les moments d'angoisse qu'elle a traversés avec sa famille, menacée d'être jetée à la rue. «Il était impossible de retourner chez ma belle-famille, elle-même locataire de l'immeuble, et encore moins dans ma famille, car leur situation n'était pas meilleure.» Pourtant, les services de l'APC ont bel et bien rendu visite à Samia, pendant que son mari, agent aux assurances, était à son travail, «en 1993, pour nous demander d'évacuer les lieux. Je suis donc allé voir mon oncle qui avait un poste assez influent au sein d'une institution de l'Etat qui a dû intervenir.» Après cette intervention, les autorités locales ne sont plus jamais revenues voir Samia et sa petite famille. «Les services sociaux sont passés voilà deux mois. J'espère que cette fois, ce sera pour nous octroyer un logement décent. Depuis notre mariage, nous avons déposé maintes et maintes fois des dossiers pour un logement social, mais nous n'avons rien obtenu», reprend Samia. Elle a souhaité conclure sur une note d'optimisme : «Il paraît que nous serons bientôt évacués. Une autre inspection des services sociaux s'effectuera la nuit pour s'assurer que nous résidons bien dans ce lieu.» Samia, son mari ainsi que leurs quatre enfants dorment tous dans cette unique pièce. Samia, femme au foyer, a confié que dans son quartier, «nous sommes trois familles à occuper les terrasses dans trois immeubles différents» sur une dizaine d'immeubles qui composent le groupe, dans ce quartier populaire de Sidi M'hamed.