Résumé de la 5e partie n Miss Sabrina est inhumée selon ses dernières volontés. Mais un jour, le gardien du cimetière a une étrange vision, qui se répète à l'église du village… Tout le village cette fois en est traumatisé. La mort de Miss Sabrina devenant un feuilleton à épisodes, chacun envisage désormais sa propre mort d'une tout autre manière. A Bircher Bower, on ne meurt pas comme ailleurs. Et il est décidé que chaque défunt sera l'objet d'examens réitérés de plusieurs médecins, avant d'être déclaré officiellement cadavre. Une exposition dudit cadavre est obligatoire durant un minimum de cinq jours. Et lorsque l'administration civile se résigne à entériner un décès, elle le fait en des termes qui dégagent son entière responsabilité. Du genre : en cas de mort ressuscité, l'état civil et le médecin constatant ne pourront être poursuivis, vu l'état de la science en la matière... Miss Sabrina, elle, prend le taureau par les cornes et change de médecin. Complètement obsédée à l'idée qu'il lui faudra retourner un jour ou l'autre dans ce damné cimetière, dans un damné cercueil, elle se met en quête d'une perIe rare, un homme de science, qu'elle institue son légataire universel, à condition qu'il remplisse très exactement les stipulations de son nouveau testament. Car elle a eu du mal à s'extirper de son tombeau, Miss Sabrina. Rien n'est simple quand on est mort sans l'être. L'homme de science, la perIe rare, un gentIeman anglais en bonne et due forme, à la David Niven, moustache fine et redingote tout en longueur, assure à sa patiente qu'il a trouvé la formule. Il est bien obligé d'affirmer quelque chose, s'il veut devenir l'héritier de Miss Sabrina. Laquelle atteint la soixantaine gaillardement après deux morts ratées. Elle exige de bénéficier de la paix éternelle, si Dieu la lui accorde un jour (et elle semble avoir le droit d'en douter) au-dessus de la surface de la terre. Ressortir d'un caveau est une entreprise fatigante pour un défunt. En surface, la chose est plus aisée. Bien entendu, son corps ne devra être ni incinéré ni enterré de quelque manière que ce soit. Elle le rappelle presque quotidiennement à son médecin : — Mon héritage est à ce prix... C'est compliqué. Si Miss Sabrina meurt, qu'il l'enterre rageusement, la surplombe de trois daIles de marbre par exemple, dans l'espoir de profiter de son héritage, et qu'elle en ressort malgré tout... c'est raté ! Si Miss Sabrina meurt, et qu'il la dépose à l'air libre, en respectant son désir, et qu'elle s'en sort à nouveau... c'est raté aussi... L'homme de science affirme cependant avoir trouvé la solution, du moins être en passe de la trouver... il fera son office, Miss Sabrina peut en être certaine. Et le notaire aussi, qui a enregistré le nouveau testament. Ni incinérée ni enterrée de quelque manière que ce soit. Pour l'instant, Miss Sabrina est alitée. Malade. Ce sont des choses qui arrivent à son âge, et la vieille dame autoritaire, plus obsédée que jamais, fait mander son notaire et son médecin. Il ne lui reste guère de famille, elle a enterré successivement ce cher Soames, ses cousins, ses cousines, après les avoir longuement examinés, on s'en doute. — Je vais mourir... — Mais non... dit le médecin, hypocrite... Vous savez bien que vous n'y arrivez jamais... — Je suis malade et mes forces me quittent... La vieillesse est à ma porte, la porte s'ouvre devant la mort, je la vois venir... (à suivre...)