Résumé de la 7e partie n Avant d'être inhumée pour la seconde fois, Miss Sabrina a subi un embaumement dont les effets sont irréversibles. Un médecin s'occupe d'elle. Désormais, elle contemple la place du village depuis la fenêtre de son salon. Même les animaux refusent de fréquenter certains endroits de la ville. Lors du marché au bétail annuel par exemple, les taureaux et les vaches refusent de traverser la place. Et si on les y oblige, ils se mettent mugir, à se débattre et s'enfuient en arrachant leurs chaînes. Un jour même, on retrouva plusieurs bêtes affolées, réfugiées dans le grenier d'une maison ! Il fallut utiliser des palans et des poulies pour les faire redescendre par le trou d'un mur. Miss Sabrina est devenue le loup-garou. On dit aux enfants de Bircher Bower : «Si tu n'es pas sage, elle viendra te prendre !» La femme empaillée, comme l'appellent les habitants, ne fascine plus. Elle fait peur, et elle gêne. Les autorités du village convoquent donc le médecin héritier de la fortune et de la maison de Miss Sabrina comme de sa momie : «Elle est morte ? — Je vous l'assure… — Alors enlevez-la... Trois ans d'exposition c'est suffisant. Nous avons de sérieux problèmes... Une femme se plaint d'avoir fait une fausse couche à cause d'elle, une autre l'accuse de lui avoir pris son mari au cimetière pour le faire revivre, elle le voit toutes les nuits. Les chiens hurlent à la mort et les enfants sont terrorisés au moindre courant d'air qui agite les rideaux de la fenêtre... — Mais je ne peux pas l'enterrer... encore moins l'incinérer… — Docteur, nous avons des pétitions. Miss Sabrina doit quitter le village.» Placé devant cet ultimatum, l'héritier trouve une autre solution. Il installe Miss Sabrina, baptisée la «momie européenne», dans un musée où, durant plusieurs années, elle verra défiler les curieux. Jusqu'en 1930, semble-t-il, si l'on en croit le très sérieux Manchester Guardian qui rapporte le prodige. C'est à cette époque de modernisme échevelé où naissent le jazz, le nazisme, et toutes ces sortes de choses qui bouleverseront le monde, que Miss Sabrina est enfin enterrée. Car l'Eglise a eu le dernier mot. Grâce à l'intervention de l'abbé du village de Bircher Bower, convaincu que ses ouailles ne trouveraient la paix, et Sabrina la vie éternelle, que lorsqu'elle serait là où Dieu le veut : en terre. Afin de poussière redevenir, ainsi qu'il est de bon ton et de bon usage sur cette planète provisoire. Miss Sabrina fut donc enterrée en grande pompe, un matin d'été, devant la foule des villageois rassemblés et un reporter du Manchester Guardian. Il existe une tombe où est inscrit «ci-gît, pour l'éternité, Sabrina Beswick». Trois fois morte et enterrée. Une croix surplombe le caveau de marbre cimenté, inviolable. Un poète disait en ce temps-là : «Il est des morts qu'il faut qu'on tue.» Qu'en pense Miss Sabrina ?...