En fait, la tradition du rêve prémonitoire remonte à la plus haute Antiquité et a toujours constitué une énigme. En effet, si dans le cas du rêve créateur, qui permet de trouver la structure d'un hydrocarbure liquide comme le benzène ou la trame d'un roman, on peut penser que c'est le rêveur qui s'adresse des messages à lui-même, dans le cas du rêve prémonitoire, il faut penser à un message de l'extérieur. Comment interpréter autrement l'annonce d'une maladie, la mort d'un proche, une catastrophe naturelle ou une guerre ? Les Anciens parlaient de messages venus des dieux ; les religions monothéistes — dont l'Islam — évoquent, elles, l'intervention divine, les théories matérialistes pseudoscientifiques parlent de hasard. Mais devant l'accumulation des faits, les théories du hasard sont aujourd'hui battues en brèche et de plus en plus de chercheurs considèrent que le rêve a une signification et une cohérence, qu'il est une sorte de pont jeté entre les mondes matériel et spirituel. Cela, les civilisations anciennes l'ont compris en voyant dans le rêve un moyen non seulement de transcendance spirituelle, mais aussi d'information objective. A Babylone comme en Egypte, on disposait de clés de songes pour interpréter les rêves. Ces clés étaient généralement destinées aux interprètes et aux riches amateurs ; le commun des mortels, lui, devait s'adresser aux prêtres ou aux interprètes qui étaient à toutes les époques nombreux. La pratique de l'incubation, ou consultation des dieux par le rêve était courante et elle subsiste encore de nos jours dans de nombreuses régions du monde.