Concurrence n L'Egypte, longtemps leader incontesté de la production de feuilletons pour le ramadan, se voit farouchement concurrencée par la Syrie, les deux pays misant sur des scénarios politiques d'actualité. Au total, l'Egypte a produit 50 séries télévisées cette année destinées à la diffusion pendant le mois sacré, marqué par de longues veillées en famille autour des repas de rupture du jeûne, alors que la Syrie la talonne avec 45 feuilletons. En plus de leur diffusion locale, le défi pour les sociétés de production dans les deux pays est de vendre ces feuilletons à l'étranger, surtout aux chaînes satellitaires arabes très regardées dans les foyers de la région. La Syrie a réussi jusqu'à présent à placer 25 séries sur ce marché lucratif, selon le réalisateur syrien Hatem Ali. En Egypte, l'une des trois principales sociétés de production a vendu les droits de diffusion de 12 des 23 feuilletons réalisés et les négociations se poursuivent pour une quinzaine d'autres. Les critiques estiment que le face-à-face syro-égyptien sur le petit écran opposera surtout deux feuilletons réalisés par des poids lourds de la télévision, qui traitent de sujets «chauds» de l'actualité. Avec Les mécréants, le Syrien Najdat Anzour s'attaque aux groupes islamistes responsables d'attentats terroristes dans différentes capitales arabes et à Londres. L'action se déplace d'une ville à l'autre tous les trois épisodes. Le chemin d'Al-Hilali de l'Egyptien Mohammad Fadel met en scène une personnalité politique rattrapée par son passé obscur, notamment par une affaire de faux documents. Le feuilleton est bâti autour de la présence de l'acteur célèbre Yehya al-Fakhrani et n'est pas sans rappeler les déboires d'Ayman Nour, candidat malheureux à la présidence égyptienne en 2005, condamné à cinq ans de prison pour falsification de documents. Les studios égyptiens comptent beaucoup sur les vedettes égyptiennes dont le nom à lui seul suffit souvent à attirer les spectateurs. Cette tactique s'est cependant révélée infructueuse ces dernières années, après l'échec de plusieurs importantes productions taillées sur mesure pour des stars, comme Yehya al-Fakhrani ou l'actrice Yousra. Profitant du mécontentement des clients et des spectateurs, les producteurs syriens se sont enfoncés dans la brèche, proposant un grand nombre de feuilletons tournés en langue arabe classique, pour permettre une plus grande diffusion dans les pays qui ne comprennent pas le dialecte arabe syrien. Mais si dans les deux pays les scénarios, les tournages et les acteurs sont médiatisés à outrance, les maisons de production se gardent de révéler ce qui reste le nerf de cette guerre via écrans interposés: les recettes qui s'élèvent, selon les gens du milieu, à des millions de dollars.