Résumé de la 2e partie n Il est vingt-trois heures sur le «Titanic», le plus grand navire et aussi le plus perfectionné que l'homme ait jamais construit. Le colonel Archibald entre dans sa chambre. Une chambre de célibataire, mais aussi spacieuse que les chambres de couple, et surtout aussi luxueuse : boiseries d'acajou, divan, lit de cuivre doré, fauteuil en cuir, lavabo de marbre... Il est vrai que cette cabine coûte 4 000 dollars, c'est-à-dire près de 50 000 dollars d'aujourd'hui, mais il n'espérait pas autant de confort. Les cabines de troisième classe ne coûtent que 50 dollars, 625 dollars d'aujourd'hui ; elles sont loin d'égaler le luxe des premières, mais on a dit au colonel qu'elles étaient très correctes : elles seraient l'équivalent des meilleures cabines des autres navires ! Côté luxe, les plus grands bateaux comme le «Britannic», le «Mauretania» et le «Lusitania», les plus beaux de l'époque, sont très loin du «Titanic» ! Il dépasserait même son frère jumeau, l'«Olympic» ! Ce voyage a donc coûté au colonel une fortune. Mais le colonel ne regrette rien. Outre le luxe de la cabine, il a pu croiser sur ce navire et même faire la connaissance avec des gens célèbres et riches ! Ils sont 325 à prendre des cabines de première classe. Archibald a déjà fait la connaissance de M. et Mme Straus, propriétaires des grands magasins Macy's de New York, des gens charmants qui jettent l'argent par les fenêtres... Il a aperçu Benjamin Guggenheim et Arthur Ryerson, surnommé le roi de l'acier... Il a fait la révérence à Mme Astor, dont la fortune de l'époux est évaluée à 100 millions de dollars ! Quant aux aristocrates, ils sont plusieurs à fréquenter le bar qu'il vient de quitter : Sir Cosmo Gordon et sa femme, la précieuse, mais ô combien délicieuse lady Duff Gordon, Charlotte Cordeza... Charlotte Cordeza, voilà une bien étrange femme : elle a loué deux cabines, une pour elle et une autre pour... ses valises ! Elle n'arrête pas de parler de ses toilettes, de ses bijoux et de ses parfums, les plus chers du monde, selon elle. Elle se change plusieurs fois par jour, émerveillant ces dames et mêmes ces messieurs, sensibles au charme de l'aristocrate. Après la tragédie, Charlotte Cordeza, qui échappe à la mort, réclame à la compagnie du «Titanic» un dédommagement de près de 200 000 dollars pour la perte de ses valises, qu'elle n'a pas pu, bien sûr, prendre avec elle ! Le colonel Archibald qui, ce 14 avril, est loin de se douter de la tragédie qui se noue, sourit en pensant à l'extravagance de certains passagers. Il est loin d'égaler ces millionnaires, industriels, banquiers ou aristocrates fortunés, il n'est pas moins fier d'être avec eux, d'être compté comme l'un des leurs et de dire, demain, à toutes ses relations, qu'il a voyagé avec les Astor ou avec Guggenheim, d'avoir captivé par ses récits les dames et les hommes les plus fortunés du monde ! Non, ce voyage, cette dépense, il ne les regrette pas, même s'ils ont quelque peu écorné son budget. «J'ai eu vraiment de la chance d'avoir obtenu une place sur le ''Titanic'' !» (à suivre...)