Résumé de la 3e partie n Côté luxe, les plus grands bateaux comme le «Britannic», le «Mauretania» et le «Lusitania», les plus beaux de l'époque, sont loin d'égaler le «Titanic» ! Le colonel Archibald fait sa toilette, revêt son pyjama, mais il ne se met pas tout de suite au lit. Il n'a pas envie de dormir et il aurait pu rester au bar, à discuter avec ses nouveaux amis, mais comme nous l'avons dit, c'est un homme à principe : on ne peut pas traîner dehors après une certaine heure ! Il allume sa pipe et s'enfonce dans le fauteuil en cuir. Il aime, avant de se mettre au lit, méditer un moment. Cette nuit, c'est encore le «Titanic» qui habite ses pensées. Il pense au plus grand et au plus luxueux navire du monde, et comme tout à l'heure quand il est rentré dans la cabine, il se dit : «J'ai de la chance !» Oui, il a eu la chance d'obtenir une cabine de première classe alors que des personnages plus fortunés et plus en vue que lui n'en ont pas eu... En fait, la chance n'a pas seule joué : il a fait aussi appel à des relations qu'il a dans la marine. Le matin, les mêmes relations lui ont accordé le privilège de visiter la salle des machines du navire, en principe interdite aux passagers. Il a été impressionné par la taille des pistons et le bruit énorme qu'ils font. Un bruit qu'il n'entend pas parce que non seulement il est à l'étage, mais aussi parce que sa chambre fait partie des cabines insonorisées ! Les constructeurs ont vraiment pensé à tout. Dans sa cabine, on n'entend que le bruit de l'horloge et le ronronnement du ventilateur... Archibald n'ignore pas que les cabines de troisième classe, les moins luxueuses et par conséquent les moins chères, n'échappent pas, elles, au bruit : il le regrette pour ceux qui les occupent et il se réjouit de ne pas être de leur nombre. Le colonel est un homme honnête et juste, mais il admet les différences de classes et il se réjouit de l'existence de privilèges. Le monde et la société sont ainsi faits, on ne peut pas les changer. C'est à l'individu de faire en sorte de se retrouver du côté le plus favorisé ! Le colonel regarde l'horloge : 23h 40. Il se sent brusquement oppressé, comme si quelque chose de grave allait se produire. Il ouvre distraitement l'agenda posé sur la table et coche la journée qui est sur le point de s'achever : dimanche 14 avril 1912. Il va écrire quelque chose, mais il s'arrête. Il tend l'oreille : il n'y a que le bruit du ventilateur, un bruit qui, au milieu du silence, lui paraît angoissant. Cette sensation de vide, il l'a déjà ressentie à plusieurs reprises dans sa vie, au moment d'un danger. Mais quel danger pouvait-il y avoir, alors qu'il vogue sur le bateau le plus perfectionné et le plus sûr du monde ? A peine fait-il cette réflexion qu'il saute sur ses jambes. «Bon sang, nous stoppons !» Stopper ? Mais pourquoi le «Titanic» stopperait-il, au milieu de l'Atlantique, en pleine nuit ? Ce n'est pas raisonnable (à suivre...)