Ambiance n Contrairement au marché de Zniket-Laârab, le marché de gros de fruits et légumes de la ville de Boufarik n'est pas très animé en ce troisième jour de ramadan. Il est presque midi et seules quelques transactions se font encore, la plupart à l'ombre. Il faut dire que le soleil brille de mille feux, au point de pousser un vendeur venu de Mascara à se mettre sous son camion pour se protéger des rayons solaires et dormir quelques instants. A part le va-et-vient de charrettes dotées de… plaques d'immatriculation et tirées la plupart du temps par des ânes, rien de particulier à signaler. Le calme plat règne en maître des lieux. On ne dirait pas qu'on est dans l'un des plus importants marchés de gros du pays. «Il est midi, la plupart des vendeurs et des mandataires sont partis, il ne faut pas oublier qu'on est au mois de ramadan, le marché ouvre ses portes très tôt. A 4h du matin déjà, il grouille de monde, la plupart des transactions se font dans les premières heures de la matinée», affirme en guise d'explication Kamel, un mandataire d'une quarantaine d'années qui semble connaître le marché comme sa poche. «On vient ici de toutes les wilayas du pays, c'est un marché qui a une réputation nationale, il s'anime très particulièrement durant le ramadan», enchaîne-t-il. De loin, on aperçoit un gamin à bord d'une charrette chargée de citrons. Comme lui, ils sont nombreux à gagner leur vie en transportant les fruits et légumes. Approché, l'enfant, pâle et salement habillé, refuse catégoriquement de parler de son quotidien durant ce mois. «Vous êtes de la presse, et après ? Je ne vous dirais rien», lance-t-il méchamment avant d'ordonner à son accompagnateur, probablement son jeune frère, de le suivre. C'est qu'ici, «on ne parle pas trop, on travaille», comme le fait remarquer un grossiste. Cela n'empêche pas ce dernier de souligner que les prix sont loin d'être élevés cette année. Un jeune homme lui fait alors remarquer que les prix pratiqués par les commerçants de Zniket-Laârab sont presque les mêmes que ceux proposés dans ce marché. Ce à quoi le commerçant rétorquera : «Les prix, c'est en fonction de la qualité du produit.» Un avis que ne semble pas partager Kamel. Pour ce mandataire, en effet, «les Algériens sont tellement riches qu'ils achètent n'importe quoi et à n'importe quel prix». «Si les prix augmentent durant ramadan, c'est de leur faute, ils ne renoncent jamais à acheter certains produits malgré leur cherté. Au premier jour du ramadan, j'ai vu les gens faire la queue pour acheter de la viande à 700 dinars, mais très franchement, qu'est ce qui peut t'arriver si tu ne manges pas de viande ?», ajoute-t-il tout en suggérant aux ménages de cesser de faire des emplettes pendant 24 heures pour que les prix baissent !