«Le mois sacré avait un goût à part à Boufarik. Il y a une grande différence entre ramadan d'antan et celui de nos jours.» C'est avec ces mots teints de nostalgie et d'émotion que âmi El-Houari, dit Moh Esseghir, a tenu à commencer son témoignage sur le quotidien ramadanesque des Boufarikois par le passé. De l'avis de ce septuagénaire, les choses ont beaucoup changé. Ainsi, beaucoup de «bonnes traditions» ont malheureusement disparu au fil des années. «Avant, les familles échangeaient des visites tout au long du ramadan, c'était l'occasion de discuter, rigoler… On attendait avec impatience l'arrivée de ce mois sacré.» Pour ce Boufarikois de souche, les soirées de ramadan étaient jadis très animées : «Après le f'tour, les gens venaient de toutes parts pour acheter de la zlabia. Il faut dire qu'à l'époque, cette friandise était préparée uniquement ici et nulle part ailleurs. Je me souviens encore de ces interminables queues qui se formaient chaque soir devant le domicile des Aksil.» Mais à cette animation, âmi El-Houari et ses copains préféraient l'ambiance de Blida. «Ils nous arrivait de nous y rendre presque quotidiennement à vélo ! Après le f'tour, on se rencontrait ici pour partir ensemble. C'était dans les années 1950, nous étions une bande de copains de 17, 18 ou 19 ans. Une fois à Blida, on s'amusait à fond, on allait partout, c'était vraiment formidable, on ne rentrait qu'aux dernières heures de la nuit, parfois on arrivait après le s'hour, dans ce cas, on dormait directement. Toutefois, ceux qui travaillaient rentraient un peu plus tôt», se rappelle-t-il. Ces souvenirs et tant d'autres encore, âmi El-Houari ne semble pas prêt à les oublier malgré le poids des ans : «C'était un autre monde vraiment, on profitait du moindre moment pour nous amuser, nous faire plaisir, le ramadan d'antan n'a rien à voir avec celui de nos jours, franchement.»