L'ambiance durant le mois sacré est manifestement différente. Aborder le sujet du ramadan dans les résidences universitaires, c'est faire un petit voyage dans un monde où la gaieté et les problèmes du quotidien font bon ménage. Si pour beaucoup d'habitués des lieux, les choses se normalisent, bon an mal an, pour les novices par contre, ils s'y adaptent difficilement, loin de l'ambiance familiale. Cependant, la vie dans les cités U a tout de même son charme durant le ramadan. Cela dit, il s'installe annuellement une polémique «ramadanesque» entre étudiants et administration. Qu'on en juge: alors que la direction des cités affirme qu'«un menu spécial ramadan est proposé aux étudiants», ces derniers rétorquent: «les aliments sont de même qualité avant, pendant et après le ramadan.» Au delà de cette polémique, l'ambiance durant le mois sacré est manifestement différente. Quittant les campus «à la sauvette», les résident(e)s s'arment, aussitôt entrés à la cité, d'ustensiles prévus pour la circonstance. Les chaînes devant le resto commencent à partir de 13h30. L'établissement, lui, n'ouvre qu'aux environs de 15h30 pour fermer à 17h15. Il faut donc être parmi les premiers sinon, «c'est la misère!» lancera Nora d'El Alia. Samia, chargée de couffins s'exclama: «C'est pour cuisiner dans la chambre.» Organisé(e)s en groupes de 4 à 5 par chambre, certains se débrouillent bien en répartissant les tâches quotidiennes entre le resto, la vaisselle et les courses. On se revoit une heure avant l'adhan pour les dernières retouches «car il en faut» surtout pour la chorba qui, de l'avis de tous, «est inodore et sans saveur!», «on l'agrémente avec des épices et des légumes pour avoir droit à une vraie», souligne Nawel de Dergana. «On prépare aussi de la salade, des fruits ou du jus sans oublier le bourek qui est incontournable» disent la majorité des étudiantes. Une fois que tout est prêt, mis sur la table «c'est la réunion de la petite famille en attendant l'adhan.» Dans cette tranche de vie conviviale avec les rires où la musique meuble les discussions. Mais «rien ne remplace l'air doux familial malgré l'ambiance très amicale, les soirées de fête renouvelées entre nous», insistent les étudiantes avec amertume. Après le f'tour et le ménage, place à la détente autour d'un thé, un café ou des boissons avec des confiseries ramenées de chez soi et qu'«on déguste dans une atmosphère de boukalat, de chansons ou de petites histoires». Les garçons, de leur côté, se ruent vers la prière ou le foyer, qui pour s'adonner à des parties de dominos, qui à des jeux de cartes ou de billard. D'autres, plus studieux révisent leurs cours ou se penchent sur le projet de fin d'études. Au s'hour où le resto est clairsemé, «on donne du couscous aux raisins secs, du lait avec un arrière-goût et des dattes bonnes à jeter à la poubelle», selon des étudiants de Bab Ezzouar. Sur le volet culturel, ni l'administration ni les fameux comités de cité n'ont prévu un quelconque programme pour les soirées ramadanesques. On a juste droit de regarder le programme de l'Unique. Encore faut-il trouver des places dans les foyers. Mais là est une autre histoire...