«Il ne reste plus, après la prophétie, que les bons signes, c'est-à-dire les rêves pieux.» Ce hadith que le Prophète aurait dit le jour de sa mort signifie que la Révélation s'arrêtait avec lui, mais que Dieu continuait à guider les croyants au moyen du rêve. Déjà, à la mort du Prophète, ils se sont heurtés à un redoutable problème : fallait-il le déshabiller pour lui faire sa toilette funèbre et découvrir sa nudité, ou, au contraire, le laver tout habillé et disconvenir à l'usage ? «Comme ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord, dit ‘A'îcha, Dieu les a plongés dans un demi-sommeil, si profond que leurs mentons touchaient leurs poitrines. Puis une voix qu'ils n'arrivaient pas à identifier s'est fait entendre dans la chambre et leur dit : «Lavez le Prophète tout habillé.» Ils se sont réveillés et ils ont lavé le Prophète tout habillé. Les successeurs du Prophète, puis les rois, les juristes, les théologiens vont recourir à ce procédé pour justifier une politique, qui deviendra plus tard une doctrine. Le moyen est d'autant plus commode qu'il est invérifiable. On peut pratiquement tout faire passer sans courir le risque de se faire contredire. La littérature et les chroniques fourmillent de récits où le rêve a joué un rôle.