Résumé de la 163e partie n Arthur Stevens est déterminé : dès que l'émission sur le sénateur Jennings sera terminée, il mettra son projet à exécution. Pat repoussa son muffin. Elle n'avait pas faim. A peine trois jours auparavant, elle avait pris un café avec Catherine Graney. Aujourd'hui, cette femme plein de charme, de vie, était morte. Lorsqu'elle arriva au studio, Luther était déjà sur le plateau, le visage rougi par plaques, les lèvres blêmes, ses yeux passant en revue chaque élément du décor, décelant chaque imperfection. «Je vous ai dit de m'enlever ces fleurs ! criait-il. Je me fous qu'on les ait livrées ce matin. Elles ont l'air fanées. Personne n'est donc capable de faire quelque chose de convenable ici ? Et cette chaise est trop basse pour le sénateur. On dirait un tabouret pour traire les vaches.» Il repéra Pat. «Je vois que vous avez fini par venir. Vous êtes au courant pour cette Catherine Graney ? Il faudra refaire la séquence où Abigail parle de la sécurité dans les transports aériens. Elle s'acharne un peu trop sur le pilote. Ça risque de faire des remous quand les gens découvriront que sa femme vient d'être victime d'un crime. On commence à filmer dans dix minutes.» Pat dévisagea Luther. Catherine était quelqu'un de bien et de respectable et cet homme se souciait d'une seule chose : sa mort l'obligeait à un changement imprévu dans le déroulement de l'émission. Sans un mot, elle tourna les talons et entra dans la cabine d'essayage. Le sénateur était assis devant une glace, une serviette drapée sur ses épaules. La maquilleuse se penchait anxieusement sur elle, tamponnant un soupçon de poudre sur son nez. Le sénateur avait les mains étroitement jointes. Son accueil fut assez cordial. «Ça y est, Pat. Etes-vous aussi heureuse d'en avoir fini que moi ? — Je pense que oui, Sénateur.» La maquilleuse prit le vaporisateur de laque et vérifia qu'il marchait. «Ne me mettez pas de ce truc-là, s'écria le sénateur. Je n'ai pas l'intention de ressembler à une poupée Barbie. — Je regrette.» La jeune fille eut un moment d'hésitation. «La plupart des gens...» Elle se tut. Consciente qu'Abigail la surveillait dans la glace, Pat évita délibérément de rencontrer son regard. «Nous devons discuter de certains points.» Abigail avait pris un ton animé et méthodique à présent. «Je suis plutôt satisfaite d'avoir à recommencer la séquence sur la sécurité aérienne, bien que cette nouvelle à propos de Mme Graney soit atroce, bien sûr. Mais je veux insister sur la nécessité de mieux équiper les petits aéroports. Et j'ai décidé qu'il fallait parler davantage de ma mère. Mieux vaut regarder en face la photo parue dans le Mirror et cet article du Tribune d'hier. Nous devrons aussi certainement mettre l'accent sur mon rôle dans les affaires étrangères. Je vous ai préparé quelques questions à me poser.» Pat lâcha la brosse qu'elle tenait à la main et se tourna vers le sénateur. «Vraiment ?» (à suivre...)