L'écrivain turc Orhan Pamuk, dont le roman Mon nom est rouge a connu un grand succès à travers le monde, est le lauréat du prix Nobel de littérature 2006. Ainsi, le comité Nobel a choisi de récompenser, jeudi, un écrivain «qui à la recherche de l'âme mélancolique de sa ville natale a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l'entrelacement des cultures», a indiqué le communiqué de l'Académie suédoise pour expliquer son choix. Orhan Pamuk, l'auteur d'une œuvre décrivant les déchirements de la société turque entre Orient et Occident, est la cible des nationalistes pour sa défense des causes arménienne et kurde. Il s'est vu qualifier de renégat par ses détracteurs en Turquie pour ses déclarations sur des sujets longtemps restés tabous. «Un million d'Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués sur ces terres, mais personne d'autre que moi n'ose le dire», avait-il affirmé en février 2005 dans un hebdomadaire suisse. Ses propos ont soulevé alors une prompte réaction de la justice turque, qui l'a poursuivi pour «insulte ouverte à la nation turque», un crime passible de six mois à trois ans de prison. Les poursuites ont finalement été abandonnées début 2006. Et en dépit des controverses que l'auteur a suscitées, les autorités turques et les cercles littéraires du pays se sont félicités de l'attribution du prix Nobel à Orhan Pamuk, dont le prochain livre, un récit autobiographique intitulé Istanbul, doit paraître en France au printemps 2007. La maison d'édition d'Orhan Pamuk en Turquie a affirmé vendredi avoir reçu un flot de commandes pour les livres du romancier depuis qu'il a été récompensé du prix Nobel 2006 de littérature. L'année dernière, le prix Nobel de littérature a été attribué au dramaturge britannique Harold Pinter tandis que celui de 2004 est revenu à l'écrivain autrichien Elfrie de Jelinek.