Eclairage n Pour ce spécialiste, la gestion des ressources humaines est capitale. Sans elle, tout développement est vain. «Je pense que le Pacte économique et social est un pacte économique de la distribution, voire de la rétribution. On s'est réunis pour profiter du surplus financier de la rente qui s'est développée au cours de ces dernières années et non pas sur la base des performances économiques», a estimé Mohamed Bahloul, directeur général de l'Institut du Développement de la Ressource Humaine (Idrh), lors de son passage ce matin sur le ondes de la Chaîne III, où il a été invité pour donner son avis sur la gestion des ressources humaines en Algérie à l'heure des grands chantiers lancés en grande pompe. «Les négociations du Pacte n'avaient pas pour but de fonder une économie de production. On a privilégié la rente», ajoutera-t-il. En guise de propositions l'intervenant dit pencher plutôt pour une compétitivité par les coûts. «Celle-ci veut dire tout simplement proposer de faibles salaires pour une grande productivité jusqu'à un certain stade.» Plus loin, il dit croire dur comme fer que «la richesse à répartir sera celle de la croissance issue du travail et non pas de la rente». Au sujet de la valorisation de la ressource humaine, dont il demeure un ardent défenseur, M. Bahloul refuse que la grille des salaires soit unifiée au sein de l'entreprise pour éviter la désertion des Algériens au profit des entreprises étrangères établies sur le sol national. «L'uniformisation des salaires dans une économie de marché est anti-économique. Les salaires doivent répondre à la dynamique et à la sanction économique de chaque entreprise et de chaque secteur par rapport à son taux de croissance», arguera-t-il, tout en appelant les pouvoirs publics à s'inspirer, pour la gestion des ressources humaines, de l'exemple de la Chine, de l'Inde et du Brésil, les trois grands pays émergents, qui, au commencement de leur réforme et de leur boom technologique, il y a une vingtaine d'années, avaient lancé des plans de développement du capital humain. Pour essayer de rattraper les erreurs commises par le passé en Algérie, l‘orateur propose «un modèle institutionnel qui est fondé sur l'attractivité des compétences et des ressources humaines et qui met en confiance les élite nationales». La qualité de la ressource humaine étant une contrainte structurelle importante de tous les projets de développement, sa négligence depuis les années 80 a créé des pénuries sectorielles très graves que ce soit dans le domaine du management ou dans celui de la technique. «C'est une négligence coupable que l'Algérie payera très cher aujourd'hui et demain», avertit enfin M. Bahloul.