L'Algérie consacre une enveloppe budgétaire très conséquente à l'importation du médicament, 700 millions de dollars en 2004. Seulement, la quantité importée dépasse de loin celle consommée d'où un excédent périmé que nous n'avons même pas les moyens de détruire selon les normes. C'est l'une des graves constatations faites par Salim Berlat, directeur de la société de promotion médicale et scientifique de Constantine, lors d'une conférence de presse, hier, au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Selon lui, les pertes occasionnées par ce phénomène représentent environ 25% des dépenses globales consacrées aux médicaments. «L'Algérie jette des tonnes de médicaments périmés chaque année, il suffit qu'un organe se charge de comptabiliser le taux de médicaments non utilisés et le déduire sur les importations», déclare M. Berlat. Outre le gaspillage, le traitement des déchets pharmaceutiques ne se fait pas dans les normes requises pour ce genre de produits, assure l'intervenant. «Il faut des incinérateurs et nous n'en avons pas», constate-t-il. «Les pharmaciens en sont réduits à stocker les médicaments périmés pendant des années». Il évoque la gestion anarchique du marché du médicament qui se passe aussi bien au niveau de l'importation que de la distribution. «On n'a pas une culture de la consommation», regrette-t-il. Pour lui, les efforts du ministère de la Santé, à eux seuls sont insuffisants pour réguler le marché du médicament. Une responsabilisation de l'ensemble des importateurs et des pharmaciens est fortement sollicitée. L'interlocuteur propose la création d'une commission nationale qui se chargera d'analyser le marché pharmaceutique et de trouver des solutions afin de le réguler. «L'Algérie est le pays qui dépense le plus en matière d'importation de médicaments», déclare le conférencier qui rappelle que notre pays a importé l'équivalent de 700 millions de dollars en médicaments pour l'année 2004. Ce qui représente un fardeau qui s'alourdit chaque année davantage. «On paye un lourd tribut pour acquérir ces médicaments faisons en sorte de ne pas en importer plus qu'il n'en faut», insiste M. Berlat. Regrettant que la production pharmaceutique locale ne dépasse pas les 15% de l'enveloppe financière réservée aux médicaments, il estime que le secteur ne demande qu'à être développé. L'Algérie achète des génériques moins coûteux que la souche mère ce qui fait que la plupart des médicaments ne sont pas produits dans le pays. Pourtant, des solutions existent afin de développer l'industrie pharmaceutique algérienne. L'investissement direct ou en partenariat est invoqué par le conférencier qui est en contact permanent avec de grands laboratoire pharmaceutiques étrangers. Il donne l'exemple du pays voisin, le Maroc, qui produit ses médicaments sur son territoire et qui exporte certaines quantités vers l'Algérie. En attendant de vraies solutions pour réguler le marché du médicament, la facture continuera à être de plus en plus salée.