Lors de janvier et février derniers, l'Algérie a économisé 2,59 milliards de dollars sur sa facture d'importation. Le gouvernement algérien qui a voulu réduire le volume des importations, a effectivement réussi. l'information émane d'un concessionnaire de véhicules. Elle illustre la nouvelle situation induite depuis l'été dernier. L'instauration de nouvelles dispositions du commerce extérieur n'ont pas tardé à donner leurs fruits. Les importateurs le savent. Il y a beaucoup de difficultés à se procurer de l'argent pour financer les importations. C'est la conséquence directe de l'obligation d'adopter le crédit documentaire en tant que mode unique de financement des importations. A travers ce procédé, le gouvernement ne vise pas directement la réduction du volume des importations, car on peut toujours importer la même quantité en réduisant les coûts et en achetant moins cher ou en ayant recours à des marchandises de moindre qualité. La ministre des Finances, Karim Djoudi, est très explicite sur l'objectif de sa politique. Il s'agit de réduire le transfert de devises à l'étranger. Avant lui, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait tiré la sonnette d'alarme en affirmant que le pays ne peut pas vivre avec des importations dépassant 40 milliards de dollars par an au moment où les recettes d'exportation des hydrocarbures baissent. L'été dernier, c'était la loi de finances complémentaire qui s'est chargée de remettre les pendules à l'heure. La conséquence immédiate réside dans le fait que le gouvernement s'est attiré les foudres des patrons et des importateurs. L'obligation de faire recours au crédit documentaire et l'interdiction des prêts à la consommation, hormis pour l'acquisition du logement, ont symbolisé la nouvelle orientation économique de Ouyahia, et partant, du reste du gouvernement. Dés les premiers mois de 2010, la facture des importations a enregistré une nette réduction. En février dernier, c'était le cas pour les produits alimentaires qui ont enregistré une baisse de 20%. L'importation des véhicules de tourisme a chuté de 44,3% et les médicaments de 14%. Financièrement, cela s'est traduit par la réduction de la facture d'importation. Pour les produits alimentaires, leur importation a chuté à 437 millions de dollars en février dernier alors qu'elle était de 546 millions de dollars un an auparavant. La baisse est de 19,96%. L'importation des viandes a chuté de 57,14%, s'établissant à 6 millions de dollars contre 14 millions de dollars en février 2009. La facture de lait et produits laitiers a connu également un recul de 51,97% à 61 millions de dollars contre 127 millions de dollars. Cette tendance baissière est constatée également pour le sucre et les sucreries dont les importations sont passées à 29 millions de dollars en février dernier contre 41 millions de dollars en février 2009. La facture d'importation de ces produits a enregistré en janvier dernier une hausse de 76,6% due au renchérissement du sucre sur les marchés internationaux, à hauteur de 112%. Les céréales, les semoules et la farine ont également enregistré une baisse de 23,42% en février dernier à 170 millions de dollars contre 222 millions de dollars en février 2009. Les importations des légumes secs ont chuté à 20 millions de dollars, soit moins 20% et celles du café et thé ont reculé à 18 millions de dollars (-10%). Hors produits non alimentaires, l'importation des médicaments est passée à 83,6 millions de dollars en février 2010 contre 96,8 millions de dollars en février 2009. La facture pour les véhicules de tourisme est passée à 93 millions de dollars contre 167 millions de dollars. Tout cela a fait qu'en février dernier, la balance commerciale a connu un excédent de 1,5 milliard de dollars contre 122 millions de dollars pour le même mois en 2009, soit une augmentation de 1,4 milliard de dollars. Pendant le même mois, les exportations des hydrocarbures ont augmenté de 4,36 milliards de dollars, soit plus 35% contre des importations de 2,84 milliards de dollars, soit moins 8,5%. En deux mois (janvier et février), un excédent de 2,59 milliards de dollars a été enregistré. Les exportations ont atteint 8,70 milliards de dollars contre des importations de 6,11 milliards de dollars. Si cette tendance se poursuit, il y aura des gains importants en 2010. Déjà, tout au long de 2009, les importations ont baissé de 0,9% passant à 39,10 milliards de dollars contre 39,47 milliards de dollars en 2008.