Le groupe ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires entre 2,4 et 3 milliards de dollars en 2015. Le groupe Saidal produira bientôt des médicaments anticancer. L'entreprise a réuni pour cela tous les moyens matériels et surtout technologiques. Ce projet a été inscrit dans son plan de développement. Il sera réalisé avec des partenaires arabes regroupés dans la société Taphco. Une unité de production indépendante est donc projetée dans un environnement spécial, éloigné des villes. L'infrastructure est d'ores et déjà édifiée. Le directeur général de Saidal, M. Rachid Zaouani, estime que cette usine sera opérationnelle prochainement d'autant plus que son entreprise s'approchera de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour connaître la réalité du marché des produits anticancéreux. Une telle perspective est encouragée par le développement du marché du médicament, pressenti par les observateurs. Ces derniers fondent leur analyse sur le vieillissement annuel de la population, évalué entre 20 et 30%. L'émergence de centaines maladies chroniques constitue aussi l'autre facteur favorisant la progression du marché. L'Etat incite, par ailleurs, Saidal pour qu'elle assure une couverture au moins de 60% du marché national. Le groupe ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires (CA) en quantités entre 2,4 et 3 milliards de dollars en 2015. Il ne peut atteindre un tel CA en valeur car les prix pratiqués par Saidal son trois fois moins chers que ceux des produits importés. Le groupe envisage donc de se lancer dans des investissements massifs pour atteindre des parts de marché estimés à 57% en quantités, soit l'équivalent de 30% en valeur avec les 50 opérateurs intervenant dans le secteur. Ainsi, Saidal détient 24% de parts de marché et les autres unités environ 35%. L'industrie pharmaceutique algérienne est l'une des plus anciennes en Afrique et la première unité à commencer ses activités en 1948, déclare M. Zaouani. “Les produits de Saidal représentent un marché de 700 millions de dollars aux prix fixés par le groupe alors que ceux issus de l'importation affiche une enveloppe de près de 800 millions de dollars. Notre marché est par conséquent très important”, explique le DG de Saidal. Par contre, souligne-t-il, l'Algérie est l'un des rares pays où le médicament est remboursé. “Nous sommes dans une économie de marché et puisque le médicament est remboursé, le citoyen a le choix d'opter pour la marque de laboratoire qu'il veut. C'est-à-dire, pour le produit qui vient de France ou d'Allemagne…”, regrette-t-il. Saidal fait face depuis plusieurs années à cet épineux problème. “Sur 400 médicaments importés, 300 peuvent être fabriqués localement” L'idéal pour le DG est de limiter les enregistrements de médicaments. Car, “ça sert à quoi de continuer à enregistrer des médicaments fabriqués déjà localement ?”, s'interroge le premier responsable du groupe lors de son intervention hier à la radio Chaîne III. Ces importateurs accaparent de ces petites niches mais qui réduisent quand-même les parts de marché de l'entreprise. Ce qui pousse celle-ci à ne produire que 130 millions d'unités alors que ses capacités sont de l'ordre de 250 millions d'unités. “Saidal, en outre, ne produit pas pour stocker. Sa production est destinée entièrement à la vente”, argue-t-il. Rachid Zaouani souligne la complémentarité qui existe entre le producteur et l'importateur. Il est, en revanche, pour une importation utile et pas celle des antalgiques et des antitussifs… Il affirme que sur les 400 produits pharmaceutiques qui composent 80% de la facture de l'importation, 300 peuvent être fabriqués localement… L'objectif, selon le DG, est de savoir comment protéger l'industrie pharmaceutique nationale de sorte à ce que, dans 5 ou 6 ans, l'Algérie ne vive pas un scénario où le malade n'aura pas accès au médicament. Car, “Je ne pense pas qu'on pourra rembourser à l'avenir une facture évaluée à 15 milliards de dollars…”, prévient-il. La protection de la production nationale passe, soutient-il, par la facilitation de l'enregistrement, la création d'une dizaine de laboratoires de bioéquivalence, le remboursement du médicament aux prix pratiqués par le producteur et non pas ceux des importateurs. L'importation a clôturé l'exercice 2007, pour rappel, avec une facture de 1,8 milliard de dollars. Ce sont essentiellement des médicaments contre le cancer et autres maladies chroniques que l'Algérie ne fabrique pas. L'autre raison évoquée par M. Zaouani, a trait à l'habitude qu'ont les malades à consommer des médicaments importés et leur réticence pour ceux fabriqués localement. Néanmoins, “avec l'introduction du tarif de référence nous avons constaté ces dernières semaines un changement dans nos ventes pour ces produits. Mieux, il est fort possible que nous enregistrions une croissance de 20%”, reconnaît le premier dirigeant de Saidal. Abordant la lancinante question de l'insuline, M. Zaouani avoue que Saidal est devenue leader sur le marché après avoir vécu de sérieuses difficultés sur le marché. Badreddine KHRIS