Résumé de la 5e partie n A la mort de cheikh M'hamed, Sidi Ali est nommé à la tête de la zaouïa que le vénérable cheikh dirigeait. Voilà donc Sidi Ali Ou Moussa chef de la zaouïa des Maâtkas. Les habitants ne devaient pas regretter leur choix, car le saint homme allait faire de leur région une région de science et de culture. En effet, dès qu'il a pris la direction de la zaouïa, Sidi Ali, remplaçant son maître défunt, se lance dans l'enseignement. Non seulement celui de la religion (Coran, hadiths, théologie), mais aussi de disciplines profanes telles que la grammaire arabe, les mathématiques, l'astronomie et bien d'autres sciences enseignées à l'époque. Très vite, la réputation du saint se répand et on vient de partout pour l'écouter. Bientôt, on voit des colonnes entières de jeunes gens affluer vers Maâtkas. Ils viennent non seulement des régions environnantes où un tel enseignement n'existe pas, mais de villes comme Béjaïa ou Tlemcen, pourtant connues par la qualité de leurs écoles et la réputation de leurs maîtres. «Où allez-vous ?», leur demandent les habitants de la région, surpris par le flot de visiteurs. «Nous venons voir Sidi Ali !» D'autres disent encore : «Nous voulons devenir ses disciples !» «La zaouïa est pleine, leur répète-t-on, elle ne pourra pas vous loger tous ! — Nous dormirons à la belle étoile, l'essentiel pour nous est de l'écouter !» Sidi Ali est ému par cette notoriété à laquelle il ne s'attendait pas. Il reçoit donc ses hôtes, leur assure le couvert en prélevant sur les réserves de la zaouïa et, le soir, fait étendre des nattes tout autour de l'établissement religieux. Beaucoup de visiteurs ne restent que quelques jours, puis repartent, d'autres, au contraire, subjugués par les leçons du saint, ne veulent plus le quitter. «Oh, Sidi Ali, le supplient-ils, ne nous renvoie pas, garde-nous auprès de toi, ne nous prive pas de tes lumières ! — Nous voulons devenir tes disciples, te suivre en toute chose ! — Vous pouvez rester, finit par dire le saint, mais il faudra vous débrouiller pour gagner votre vie, car je ne peux continuer à vous nourrir.» La proposition est acceptée. Les tolba, tout en étudiant, vont, de village en village, faire des quêtes, au nom de Sidi Ali Ou Moussa N'founas. Il suffit de se présenter dans les maisons et de dire : «Nous venons quêter au nom de Sidi Ali Ou Moussa» pour que les dons affluent : grain, semoule, huile, figues sèches, légumes, argent également... de quoi nourrir pour une longue période les jeunes tolba. Des villageois riches font aussi des dons en argent à la zaouïa des terres et des propriétés qui seront constituées en bien de mainmorte, houbous ou wafks : propriété de la zaouïa, ils sont inaliénables et leurs produits servent à l'entretien de l'établissement et à la prise en charge de ses étudiants, dont le nombre ne cesse d'augmenter. (à suivre...)